Les cathédrales, des sentinelles du temps et des âmes

Les premières images dévoilées vendredi dernier sont époustouflantes. Les pierres blanchies, les éclairages repensés, le mobilier liturgique renouvelé, les peintures restaurées témoignent de l’extraordinaire travail accompli par les artisans qui se sont relayés au chevet de l’édifice depuis l’incendie de 2019. Plus de 14 millions de visiteurs sont attendus chaque année pour découvrir la cathédrale rénovée. Mais comment ces monuments continuent-ils de toucher les cœurs de ceux qui les visitent ?

La grandeur et la beauté de Notre-Dame

Henri d’Anselme sera présent à la réouverture de Notre-Dame de Paris, le samedi 7 décembre. Il a choisi de ne pas regarder les images diffusées avant l’événement pour se laisser emporter par l’émotion le jour J. "J’attends quelque chose d’extraordinaire, de très beau. J’attends surtout comme un point d’orgue ou un point final à mon aventure," confie-t-il. Son tour de France des cathédrales, entamé à la suite de l’incendie du 15 avril 2019, a été pour lui une prise de conscience. "Le 15 avril, j’ai ressenti un manque qui m’a poussé à entreprendre ce voyage."

J’attends quelque chose d’extraordinaire, de très beau. J’attends surtout comme un point d’orgue ou un point final à mon aventure,

Pour Henri d’Anselme, Notre-Dame de Paris est bien plus qu’un édifice. "Elle incarne la cathédrale de France. D’autres sont peut-être plus belles, mais Notre-Dame est la plus forte, la plus symbolique. Elle incarne l’esprit des cathédrales françaises." Au fil de ses rencontres avec les artisans de Notre-Dame, il a recueilli des témoignages empreints d’admiration. "Je me souviens d’un artisan qui m’a confié que, lorsqu’il travaillait sur la charpente, il avait le sentiment de servir une grande dame." Pour Henri, Notre-Dame est un édifice sacré et transcendant : "C’est un don gratuit à travers le temps, qui nous invite à nous dépasser."

La beauté des cathédrales : une réponse au mal

Henri d’Anselme a également pensé son livre comme un hommage aux personnes qu’il a rencontrées lors de son tour de France des cathédrales. "Ma démarche, c’était surtout de mieux connaître mon pays, de découvrir ceux qui le font, et de comprendre sur quoi ils s’appuient." Ces rencontres l’ont marqué, des hommes et des femmes qui, malgré les difficultés de la vie, continuent de lever les yeux vers les cathédrales, sources d’inspiration et de réconfort.

Si j’ai pu agir, c’est parce que, pendant deux mois et demi avant le 8 juin, je m’étais nourri de la beauté des paysages, de la générosité des gens, et des cathédrales

Henri d’Anselme s’est fait connaître le 8 juin 2023, lors de l’attaque au couteau perpétrée à Annecy. Surnommé "le héros au sac à dos", il avait mis en fuite l’assaillant qui venait de poignarder six personnes, dont quatre enfants. Il estime que sa présence ce jour-là n’était pas due au hasard. 
"J’ai agi comme chaque Français devrait agir, en puisant dans ce qu’il y a de plus grand et de plus beau. Si j’ai pu agir, c’est parce que, pendant deux mois et demi avant le 8 juin, je m’étais nourri de la beauté des paysages, de la générosité des gens, et des cathédrales. Cette beauté m’a rendu le mal insupportable."

Sauvegarder le patrimoine religieux

Pour Henri d’Anselme, le patrimoine religieux ne se limite pas aux cathédrales. "Les cathédrales sont l’arbre qui cache la forêt," affirme-t-il. Au cours de son voyage, il a rencontré des personnes qui se battent pour préserver les petites chapelles et églises de leurs villages. Il appelle à ouvrir ces lieux, souvent fermés, pour que les habitants puissent se les réapproprier. "Les États généraux du patrimoine religieux montrent que les églises fermées sont plus exposées aux actes de vandalisme. Ouvrir ces lieux permet de leur redonner vie et de recréer un lien avec leur sens et leur vocation."

Ouvrir ces lieux permet de leur redonner vie et de recréer un lien avec leur sens et leur vocation.

Henri d'Anselme invite chacun à défendre ce patrimoine et à le transmettre aux générations futures. "L’âme du patrimoine réside dans sa vocation."