Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la proximité du patriarche Kirill avec Vladimir Poutine interroge. Deux ans après le début du conflit, des universitaires ont publié une lettre ouverte pour condamner fermement ses actes. Antoine Arjakovsky, l'un des signataires, était l'invité de la matinale.
Depuis 2009, le patriarche Kirill, ex-agent du KGB, est le seizième patriarche de l'Église orthodoxe russe.
Plutôt libéral dans les années 90, il s’est peu à peu mué en défenseur des valeurs traditionnelles et anti-occidentales. "Dans un premier temps, il a reconnu la chute de l'Union soviétique comme quelque chose de positif, mais au fil des années, il en est arrivé à considérer que la Sainte Russie doit réunir le Biélorusse, l'Ukraine et la Russie", déclare Antoine Arjakovsky, co-directeur du département "Politique et Religions" du Collège des Bernardins.
Pour Antoine Arjakovsky, cette personnalité étrange et complexe du patriarche de Moscou a béni des choses complètement injustifiables. "Il y a plusieurs dizaines de prêtres qui ont été torturés par l'armée russe à l'électricité, avec des électrochocs sur les parties génitales", affirme-t-il.
Face au radicalisme du patriarche Kirill, l'Université de Fordham a publié une lettre ouverte pour rappeler l'importance des religions dans ce conflit. "Surtout pour demander au chefs des principales églises chrétiennes : du pape François, au patriarche Bartholomé, en passant par Justin Welby, de condamner l'agression russe contre contre l'Ukraine", spécifie-t-il. Il ajoute : "Il faut maintenant condamner le patriarche Kiril."
Ce que nous disons, c'est qu'il faut aller plus loin, il faut arrêter tout lien œcuménique avec l'Église russe.
Cette lettre, destinée aux responsables religieux occidentaux, rappelle les obligations morales des chrétiens en temps de guerre. "Ce que nous disons, c'est qu'il faut aller plus loin, il faut arrêter tout lien œcuménique avec l'Église russe" souhaite le co-directeur du Collège des Bernardins.
L'Université de Fordham alerte en particulier l'Église anglicane. Un clair de cette communion chrétienne a publié un texte, aux éditions du Synode, qui met au même niveau l'agresseur et l'agressé.
Il est allé jusqu'à affirmer qu'une loi à l'encontre de la liberté de conscience va être votée, par le Parlement, à la fin du mois de mars. Une affirmation que réfute Antoine Arjakovsky : " Il y a eu une réponse très forte de l'Église Pentecostal qui dit, au nom de toutes les églises en Ukraine : cette loi au contraire protège la liberté de conscience", témoigne-t-il.
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