Emmanuel Macron en avait fait un sujet phare de sa campagne : refonder le service public. Le gouvernement prévoit donc de légiférer par ordonnances après une concertation avec les syndicats. Au programme : développement du recours au contrat, assouplissement du processus de recrutement au regard du départ en retraite des agents... En somme, diminuer le nombre de fonctionnaires et faire des économies.
En contrepartie, le gouvernement s'engage à améliorer les droits et garanties des agents contractuels, de rémunérer les agents au mérite ou encore de les accompagner dans leur transition professionnelle.
La concertation doit se prolonger jusqu'à fin octobre, pour une adoption des textes de réforme au début de l'année 2019. Concertation, donc, davantage que réelle négociation. Les fédérations de la fonction publique s'opposent totalement à ce projet, comme Alain Grassot, secrétaire général de la CFTC des fonctionnaires territoriaux en Haute-Savoie : "Avec le gel du point d'indice, il n'y a pas d'augmentation de salaire dans la fonction publique. La hausse de la CSG n'est pas compensée. Les départs d'agents non plus : donc, cela fait plus de travail et de pression pour ceux qui restent."
Moins d'agents, moins de dépenses : c'est la volonté affichée du gouvernement. Pour Eric Eyer économiste à l'OFCE, si le principe de la réforme s'entend, la méthode est plus contestable : "On aurait préféré une vision globale du rôle de l'Etat, sur le fait d'améliorer le service public. Là, on se fixe des objectifs pour économiser, sans se soucier de la dégradation du service rendu aux citoyens. La seconde erreur, c'est le passage par les ordonnances, sans négociation. Ensuite, on s'attaque surtout aux fonctionnaires en bas de l'échelle, et non à ceux d'en haut."
Se joindront à la grève de la fonction publique aujourd'hui les retraités qui dénoncent la hausse de la CSG, les personnels des EHPAD protestant contre leurs conditions de travail, ou encore les cheminots de la SNCF, qui, en attendant les grèves tournantes de début avril, s'opposent déjà à la réforme de leur entreprise. Jérôme Françy, cheminot à Bourges, témoigne : "Les gens ne savent pas ce qu'est le statut de cheminot. Je travaille trois week-ends sur quatre, et je gagne 1450 par mois."
Les contrôleurs aériens devraient eux aussi arrêter le travail ce jour, avant la grèce d'Air France prévue demain.
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