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Les Petits Frères des Pauvres offrent des colis pour « vivre Noël avec » les aînés isolés

Un article rédigé par Anaïs Sorce - RCF Lyon, le 24 décembre 2024 - Modifié le 24 décembre 2024
Émissions spéciales · RCF LyonPetits Frères des Pauvres : des colis pour « vivre Noël avec » les aînés isolés

En France, deux millions de personnes âgées sont isolées des cercles familiaux et amicaux. Et si les fêtes de Noël sont synonymes de joie avec ceux qu'on aime, ce sont parfois des moments douloureux. Pour les personnes âgées isolées, pour les petits frères des pauvres, c'est l'occasion d'offrir à des aînés isolés un cadeau qui n'a pas de prix, des moments chaleureux de partage et de convivialité.

Des centaines de colis seront distribués aux personnes âgées isolées les 24 et 25 décembre - © RCF LyonDes centaines de colis seront distribués aux personnes âgées isolées les 24 et 25 décembre - © RCF Lyon

La salle du siège de l’antenne lyonnaise des Petits Frères des Pauvres ressemble à une véritable fourmilière : les bénévoles venus en nombre s’activent pour confectionner les colis distribués dans la Métropole de Lyon à Noël. Ils vérifient toutes les boîtes qui seront distribuées et ajoutent d’autres surprises dans les sacs en toile de jute siglés du logo de l’association. Colis avec alcool, sans alcool ou pour les EHPAD : chaque personne âgée aura son colis, selon ses préférences. En EHPAD, inutile de fournir de l’alimentaire puisque les repas y sont pris en charge donc la composition des colis est ajustée. Une fois prêts, tous les sacs sont rangés sous l’étiquette de la ville ou du quartier correspondant : Lyon 8, Lyon 7, Lyon Ouest, Meyzieu, Bron, Vénissieux, Ecully… une bonne partie de la Métropole de Lyon est représentée. 

A l’intérieur, « plein de petites choses, des choses à grignoter, des choses qui réchauffent, des choses amusantes, enfin en tout cas des surprises » explique François Auffray, adjoint de direction au sein de l’association, « mais le cadeau n'est qu'un prétexte pour aller à la rencontre de ces personnes et passer des moments sympas et fraternels, le jour de Noël, le 24, le 25 ». Et c’est bien là le cœur de la mobilisation pour Martine, bénévole à l’association depuis 14 ans : « le colis, c'est quelque chose qui va nous permettre de rentrer en contact, c'est vraiment une médiation, un prétexte. Ça va nous permettre de visiter, d'aller rencontrer des gens qu'on ne connaît pas forcément » avec l’objectif « pas seulement de leur faire vivre Noël, mais bien de vivre Noël avec eux ».

« Il n'y a plus beaucoup d'oreilles pour entendre » ce que les personnes âgées ont à raconter


Constituées par quartiers, les équipes de bénévoles des Petits Frères des Pauvres vont donc passer un long moment auprès d’une personne âgée. Ils connaissent la majorité des bénéficiaires des colis, qu’ils suivent tout au long de l’année mais certains leur sont également signalés par des partenaires associatifs, des assistantes sociales, des soignants ou des aides à domicile. L’aîné visité n’est donc pas forcément celui qu’ils accompagnent le reste de l’année. « Ça va nous permettre de voir d'autres personnes, d'enrichir un cercle qui s'amenuise » confirme Martine pour qui « c'est probablement le temps le plus fort de l'année ». Alexis a toujours connu l’association par sa mère qui y était engagée alors qu’il n’était qu’un enfant. Depuis 2019, il y est à son tour devenu actif et cette tradition des colis est très ancrée dans sa famille : « je ne suis pas le seul à le faire donc dans ma famille, à Noël, on est tous à droite et à gauche. On se retrouve quand même tous ensemble pour un repas mais on a l’habitude d’être séparés ». Il accompagne toute l’année des personnes âgées mais concède que Noël « est un moment assez particulier ». 

C’est une tradition que tout le monde pratique, donc ce petit colis qu'on distribue chaque année, qu'on apporte, c'est ce petit moment sympa où ils [les aînés NDLR] peuvent goûter un peu tout, parce que souvent ce sont des colis qui sont assez diversifiés, avec plein de beaux produits. On pratique déjà toute l'année, mais c'est vrai qu'on arrive avec un petit cadeau, et je trouve que c'est un joli cadeau. 

 

Un cadeau qui a toute son importance dans le moment car il permet aussi au bénéficiaire isolé d’offrir quelque chose au bénévole venu le visiter. Martine confirme ouvrir régulièrement le colis avec les personnes âgées « et ça peut être aussi l'occasion d'un partage. Souvent, elles n'ont pas grand-chose à offrir et avec le colis, on peut partager une papillote, on peut discuter. Et souvent, ça ouvre la discussion sur les Noëls d'antan, sur ce qu'elles aiment raconter, ce qu'elles aiment nous témoigner. Et c'est vrai qu'il n'y a plus beaucoup d'oreilles parfois pour entendre tout ça. Donc c'est un bon moment pour pouvoir les écouter, apprendre de leur vie, découvrir toute la richesse dont elles sont porteuses. Parce qu'elles sont vraiment porteuses d'une richesse incroyable ». Alexis reconnaît aussi que les bénévoles occupent une place à part dans la vie de ces aînés isolés.

On prend tout de suite une place dans [leur] vie parce qu'on n'est pas là pour remplacer qui que ce soit, mais on devient quelqu'un. 99% du temps c'est super, il y a toujours des moments moins bien, parce que ce sont les personnes qui ont aussi des vies difficiles, on a tous nos problèmes, mais je ne regrette jamais lorsque je ressors d'une personne que j'accompagne, le moment que je viens de passer avec, je pense qu'on est gagnant tous les deux

« C'est quand même le symptôme du paradoxe de notre société » de produire autant de générosité que d’égoïsme

Pour les personnes âgées, Noël peut être vécu comme un moment particulièrement douloureux, estime François Auffray : « Noël investit tout le paysage, le paysage social, le paysage médiatique, le paysage économique, tout le monde fête Noël, peu importe ses croyances, quand on est tout seul et qu'on ne peut pas le fêter, c'est terrible, c'est vraiment terrible ». L’association se destine en priorité aux personnes en situation de « pauvreté du lien social ». En France, en 2024, 530 000 personnes âgées seraient en situation de mort sociale. Une expression lourde de sens qui concerne « les personnes [qui] n'ont plus aucun lien dans les cercles sociaux, c'est-à-dire la famille, les amis, les voisins et le monde associatif. Le téléphone ne sonne plus jamais, sauf éventuellement pour vous vendre des fenêtres ou des matelas, donc c'est vraiment une situation de mort sociale » explique François Auffray. Une situation catastrophique difficile à justifier pour l’association.

Le vieillissement, c'est avant tout une problématique de la perte, évidemment de ses capacités mais c'est aussi de son environnement social, on arrête de travailler, on a un peu moins de gens et l’entourage meurt… Et puis, il y a ceux qui n'ont peut-être pas eu la chance de créer une famille, d'avoir des enfants. Donc il y a plein de circonstances particulières qui font que, oui, c'est malheureusement possible. C'est quand même le symptôme du paradoxe de notre société où il y a à la fois des éléments de générosité et de solidarité merveilleux et en même temps, on produit tellement aussi d'égoïsme et de repli sur soi

 

L’association appelle chacun à devenir acteur de solidarité dans son quartier ou dans son immeuble, arguant que « ce n’est pas très compliqué de briser cet isolement » en allant frapper à la porte d’un voisin pour lui proposer de boire un café, sans avoir besoin d’être rattaché à une association. Avec ce type d’actions, les Petits Frères des Pauvres entendent aussi lutter contre l’âgisme, discrimination liée à l’âge qui consiste à ranger « les personnes en vieillissement dans une catégorie un peu à part, moins utile, moins intéressante, moins rigolote, moins fun, moins tout ».

 

Les colis des Petits Frères des Pauvres sont distribués les 24 et 25 décembre 2025. Un repas de Noël festif est également organisé au Novotel de Bron. 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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