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« Les Républicains vont se satelliser dans le nouveau grand parti de droite qui est devenu le Rassemblement National » selon Romain Pasquier

Un article rédigé par Manon Muller - RCF, le 2 juillet 2024 - Modifié le 2 juillet 2024

La droite traditionnelle n’a obtenu que 10% des suffrages dimanche. LR et ses alliés opposés au Rassemblement national sont arrivés en quatrième position, déstabilisés par l'alliance entre leur président, Eric Ciotti, et le Rassemblement national.  Fragilisé, le parti est désormais une force d'appoint pour le RN en quête d'alliés pour la majorité absolue et pour la majorité présidentielle qui appelle à faire barrage à l'extrême droite. Pour bien comprendre la déroute de la droite républicaine en France, Etienne Pépin a interrogé Romain Pasquier, politologue et professeur à Science po Rennes. 

 Le siège du parti Les Républicains,  Paris, le 11 juin 2024 ©Magali Cohen/ Hans Lucas Le siège du parti Les Républicains, Paris, le 11 juin 2024 ©Magali Cohen/ Hans Lucas

L’appel du pouvoir sera-t-il plus fort que le respect des valeurs républicaines ? C’est une question qui divise à droite depuis que le président du parti Les Républicains, Éric Ciotti, a décidé de se présenter sous l’étiquette LR-RN pour ces législatives anticipées. Et pour cause, les candidats LR-RN ont propulsé l’extrême droite au score historique de 33,2% des voix en obtenant à eux-seuls, 4% des suffrages.

Le Rassemblement National et ses alliés pourraient prétendre à obtenir entre 230 et 280 sièges au Parlement à l’issue du second tour ce 7 juillet. Le politologue Romain Pasquier, professeur à Sciences-Po Rennes, décrypte le futur du parti qui, autrefois, représentait la plus grande force de droite du paysage politique français.

Quel rôle vont pouvoir jouer les Républicains au second tour des législatives ?

C’est sans aucune consigne de vote que les Républicains ont réagi à l’annonce des résultats ce 30 juin. Si l’extrême droite avance en terre conquise pour les alliés LR-RN, la droite traditionnelle a préféré garder le silence. Selon Romain Pasquier, l’électorat de droite risque d’être balloté entre Renaissance et le RN « Tout va dépendre un peu de l'identité politique, de celui qui incarne l'adversaire du RN. Si c'est un nouveau front populaire socialiste ou écologiste ou communiste, soit ils iront à la pêche, soit ils voteront pour le candidat RN. Si c'est un Renaissance de la majorité présidentielle, je pense que les électeurs de droite voteront pour ce candidat modéré ou centriste »

Le silence des Républicains suscite des ambiguïtés, pour Romain Pasquier, c’est aussi car ceux-ci pourraient obtenir leur part du gâteau en cas de victoire du Rassemblement National au second tour, et de majorité absolue. « Certains LR se disent que si le RN arrive à 265 ou 270 députés, ils seront peut-être en mesure à travers des négociations, des tractations, en échange d'une présidence de commission, d'un secrétaire d'Etat, de créer une alliance » explique-t-il. 

Où est passé l’esprit "Chirac" qui appelait fermement à faire bloc contre le Front National en 2002 ?

Romain Pasquier remarque que la droite pourrait être engloutie par un appel au pouvoir, perdu depuis 12 ans. Douze années d’affaiblissement qui pourraient à jamais tourner la page sur la droite de Jacques Chirac, qui à l’époque, avait même refusé de débattre avec Jean-Marie Lepen à l’approche du scrutin. « On a complètement dépassé cette époque, déjà le front républicain, il est à géométrie variable. Renaissance dit oui on se désiste, sauf si c'est un LFI… du côté des LR ce n’est ni l'un ni l'autre…  Depuis le franchissement de lignes par Éric Ciotti, il y avait déjà eu quelques débauchages individuels, on n'est plus dans l’esprit Chirac » raconte-t-il.

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