Dans le foyer de travailleurs migrants de Boulogne-Billancourt, plus de 118 résidents sont menacées d’expulsion. Avec le soutien de notre partenaire, le COPAF, ils unissent leurs voix pour défendre leurs droits et protester contre la dégradation de leurs conditions de vie. Les précisions de Stéphanie Gallet.
La photo du jour est en format paysage. C’est un groupe d'une vingtaine d'hommes. Le cadrage est assez serré, ce qui donne l’impression qu’ils sont beaucoup plus nombreux. La plupart de ces hommes sont dans la force de l'âge. Ils ont tous la peau noire. Leurs habits sont plutôt sombres à part l’homme qui est au centre qui porte un manteau beige ce qui le fait ressortir au milieu de cet attroupement. Il semble plus âgé avec son collier de barbe poivre et sel. À ses côtés, deux hommes l’encadrent. Ils portent un énorme haut-parleur sur lequel est écrit au marqueur COPAF. Ils ont aussi sorti leur téléphone portable, celui de gauche tend son bras pour filmer quand celui de droite semble s’en servir pour enregistrer. Derrière eux, une plaque de rue parisienne est difficilement lisible à cause des autocollants qui ont été apposés dessus.
Nous sommes le 17 novembre 2017, devant le siège du gestionnaire COALLIA, cour Saint-Éloi, dans le 12eme arrondissement à Paris. Les résidents du Foyer de travailleurs de Boulogne-Billancourt sont rassemblés pour protester contre l’insalubrité et les conditions désastreuses de leurs hébergements. Au centre, vêtu d’un manteau beige, c’est Bakary Cissokho, le Président de leur Comité. Il scande leurs revendications au mégaphone avec écrit "COPAF". Ce Collectif pour l’Avenir des Foyers, est une association partenaire du CCFD-Terre Solidaire. Elle est mobilisée depuis plus de 20 ans aux côtés des résidents. Les Foyers de travailleurs migrants ont vu le jour en France dans les années 1960 pour abriter une population venue renforcer la main-d’œuvre nationale. Mais au fil du temps, les conditions de vie n’ont cessé de se dégrader tandis que les prix des loyers, eux, n’ont cessé d’augmenter.
En juillet 2016, la fermeture des cuisines collectives a été un élément déclencheur dans leur mobilisation, car les espaces de vie commune sont très importants pour ces résidents qui vivent, pour la plupart, dans des espaces insalubres et étroits d’à peine quelques mètres carré. Dès lors, les résidents du foyer du Boulogne-Billancourt vont décider de cesser de payer leurs redevances pour exiger la restauration de leurs locaux et des conditions de vie dignes. En 2018, en proie à des problèmes d’argent, COLLIA cède pour 1 euro symbolique la gestion du foyer au gérant ADOMA. Face à la promesse du nouveau bailleur de restaurer les locaux, les résidents mettent fin à leur grève avec l’espoir de voir des améliorations.
Non seulement il n'y a eu aucune rénovation, mais surtout ADOMA a assigné en justice 118 résidents pour exiger le remboursement de la dette générée par la grève de 2016 et 2017. Et depuis mai 2022, une décision de justice les menace d’expulsion. Avec le soutien du COPAF, les résidents ont fait appel de cette décision du Tribunal. Ils vont continuer à protester tant que la menace d’expulsion et le poids de la dette n’auront pas disparu. Le CCFD-Terre Solidaire est mobilisé à leurs côtés pour défendre leurs droits face à cette injustice et les aider à supporter les frais judiciaires qui s’élèvent à 70 000 euros.
Chaque jeudi dans Je pense donc j'agis avec #JeudiPhoto, Stéphanie Gallet décrypte une photo choisie par le CCFD-Terre solidaire. #JeudiPhoto, c'est un autre regard sur le monde pour saisir les défis auxquels sont confrontés les populations à travers la planète.
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