Le discours de politique générale de François Bayrou très attendu aujourd’hui. Le Premier ministre sera devant les députés à 15 h. François Bayrou va-t-il cet après-midi faire une concession sur la réforme des retraites de 2023 ? Il n’y a pas encore de fumée blanche.
À la recherche de la bienveillance d’une partie de la gauche, lundi le Premier ministre François Bayrou et ses ministres ont multiplié les négociations avec le Parti socialiste avant sa déclaration de politique générale. Objectif que le PS, mais aussi le PC et les écologistes ne votent la prochaine motion de censure de la France Insoumise. Le PS souhaite que l'âge légal de départ en retraite, censé atteindre progressivement 64 ans, soit "figé" à son niveau actuel de 62 ans et demi au moins 6 mois.
Mais politiquement suspendre la réforme de 2023, c’est prendre le risque de s'aliéner le soutien d'une partie du "socle commun". Le chef des députés LR, Laurent Wauquiez, a déjà estimé dimanche que "suspendre la réforme sans scénario alternatif" reviendrait à "sauter dans le vide sans parachute". Pour autant, des voix dans le camp présidentiel se sont fait entendre pour faire une pause dans la réforme, comme Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale.
Le patron du groupe centriste LIOT à l'Assemblée, Charles de Courson, est lui aussi favorable à une telle suspension pour corriger les défauts de la réforme : "j'ai combattu la réforme sur un point fondamental qui était d'augmenter l'âge légal de départ. Et je constate que des cinq propositions qu'on avait faites, aujourd'hui, déjà deux d'entre elles ont été retenues par les partenaires sociaux. Et bien, c'est ce qu'il aurait fallu faire avant de voter la réforme". Pour le rapporteur de la commission des finances, une entente avec le PS sur les retraites "conditionne un éventuel accord sur au moins un projet de loi de finances à minima et un projet de loi de financement de la sécurité sociale à minima".
"6 mois, ça n'annule pas la réforme. 6 mois sur l'année. On aurait des montants relativement réduits" estime Vincent Touzé, économiste à l’OFCE, spécialiste des retraites. Ce gel coûterait "entre deux et trois milliards d'euros" selon le patron des sénateurs PS, Patrick Kanner. Une piste de financement consisterait à puiser dans le Fonds de réserve pour les retraites constitué sous la cohabitation Jospin-Chirac. Un fond doté actuellement d’environ 20 milliards d’euros. Mais une pause ou pire une abrogation ne réglerait évidemment pas le problème du financement du système de retraites.
"Les Français vivent de plus en plus longtemps. Donc il faut forcément s'adapter à la démographie. Notre système de retraite repose sur la répartition. Ce sont les actifs d'aujourd'hui qui payent les pensions d'aujourd'hui" rappelle Vincent Touzé. "Donc, forcément, le rapport démographique a un rôle clé. De ce point de vue-là, le système de retraite a besoin d'adaptations régulières et la question financière reste centrale". La dernière réforme de 2023 prévoyait à la base 16 milliards d’économies. Mais le conseil d’orientation des retraites estime que le régime des retraites sera toujours en déficit en 2032.
Il y a des écarts entres les revendications des syndicats. Pour la CFTC, tout peut être remis sur la table estime.
"Le Premier ministre m'a vraiment confirmé que tous les sujets étaient sur la table. Évidemment les 64 ans, mais il y en d'autres sujets très importants : la pénibilité, les carrières longues ou l'âge d'annulation de la décote" pointe Cyril Chabanier, président confédéral du syndicat. "François Bayrou a juste fixé deux conditions : un accord majoritaire pour modifier la réforme des retraites et la deuxième chose, ça ne doit pas aggraver les comptes du régime de retraite" poursuit-il.
Baisser les pensions ou augmenter les cotisations salariales et patronales semble impossible, les syndicats avancent donc chacun leurs solutions. "Nous avons un taux d'emploi de seniors qui est beaucoup plus faible que nos voisins européens. Si la France avait un taux d'emploi des seniors équivalent à nos principaux voisins européens. Ce sont 6 milliards d'euros qui rentrent dans les caisses de l'État" calcul Cyril Chabanier qui propose d’évaluer les aides publiques et fiscales aux entreprises et supprimer les moins efficaces. Suspendre la réforme et rouvrir les discussions sur les retraites auraient aussi une autre vertu pense Vincent Touzé "celle de renouer avec le dialogue social et avec un débat public plus apaisé".
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