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Abus sexuels dans l'Eglise : « les victimes ne doivent plus rester seules »

Abus sexuels dans l'Eglise : « les victimes ne doivent plus rester seules »

Un article rédigé par Etienne Pépin - RCF, le 7 mars 2024  -  Modifié le 8 mars 2024
L'actu chrétienne « Les victimes d’abus ne doivent plus rester seules »

Le troisième vendredi de Carême, c’est la journée de mémoire et de prière pour les personnes victimes d’abus dans l’Eglise. L’occasion pour l’association Fraternité victimes de se lancer. Elle a pour vocation d’accompagner les personnes victimes d’abus sexuels, spirituels, psychologiques dans le cadre religieux. Sa présidente, Mélanie Debrabant témoigne sur RCF.
 

Mgr Eric de Moulins-Beaufort et Soeur Véronique Margron prient à Lourdes pour les victimes d’abus dans l’Eglise ©Lilian Cazabet / Hans Lucas Mgr Eric de Moulins-Beaufort et Soeur Véronique Margron prient à Lourdes pour les victimes d’abus dans l’Eglise ©Lilian Cazabet / Hans Lucas

C’est aujourd’hui qu’est lancée Fraternité victimes, une nouvelle association à destination des personnes victimes d’abus et de violences subis dans l’Eglise. Victimes qui se retrouvent souvent seules face aux administrations civiles ou ecclésiales, désemparées dans des procédures longues et complexes pour tenter d’obtenir réparation des crimes qu’elles ont subis. Pour les aider, Fraternité victimes veut tisser un réseau de professionnels compétents, former ses membres mais aussi les laïcs et les responsables religieux à la prévention de ces abus.

Prendre soin des personnes victimes

"Ce n’est pas une association de victimes, c’est une association pour les victimes" témoigne Mélanie Debrabant. La présidente de Fraternité Victimes explique la démarche : "l’idée est venue en écoutant des victimes et les personnes qui les accompagnent, leurs difficultés, les failles du système, leur isolement, leur sentiment d’être très seules dans les combats qu'elles mènent, dans les blessures qu’elles portent. On a voulu les aider, leur montrer qu’on ne veut plus qu'elles soient seules."

On a voulu les aider, leur montrer qu’on ne veut plus qu’elles soient seules.

Pourtant, pour accompagner les victimes depuis le rapport de la CIASE, l’Eglise a mis en œuvre différentes instances : la Commission Reconnaissance et Réparation (CRR) pour les personnes victimes de violences sexuelles commises par des membres d’instituts religieux. Il y a aussi l’Instance Nationale Indépendante de Reconnaissance et Réparation (INIRR) pour les personnes victimes de violences sexuelles dans l’Église, quand elles étaient mineures. "Ça ne suffit pas, explique Mélanie Debrabant, on est loin de couvrir toutes les situations d’abus qui existent aujourd’hui : abus sexuels, abus de pouvoir, abus spirituels. Et puis il n’y a pas d’accompagnement des victimes dans la durée"

Fraternité victimes veut d’abord et avant tout prendre soin des personnes victimes, les aider dans leurs démarches administratives, dans leurs besoins matériels par un accompagnement simplement humain sous forme de compagnonnage, détaille Mélanie Debrabant : "la première action concrète de l’association a été de trouver un téléphone portable pour une sœur qui sortait d’une communauté, qui vit dans une précarité immense et qui avait besoin d’un moyen de communication pour mener à bien des démarches administratives".

Mais les situations sont déjà nombreuses et variées pour l'association Fraternité victimes "On a eu aussi une personne qui devait être entendue dans le cadre d’une enquête canonique et qui se sentait bien seule dans cette démarche." Mais parfois, il s'agit seulement d'être avec les personnes "dans cette attente souvent très longue des démarches qu’ils font : aider à rédiger un CV, aller au cinéma ou prendre un café, selon leur demande."

Prévenir, éclairer l’Eglise et le débat public

Fraternité victimes veut aussi tisser un réseau de professionnels compétents et  prêts à aider les personnes victimes : psychologues, psychiatres, avocats, juristes, canonistes, assistants sociaux. L’association souhaite également former ses membres, les laïcs et les responsables religieux à l’écoute, à la détection de comportements à risque, à la conduite à tenir pour anticiper les abus.

En somme prévenir, éclairer l'Église et le débat public, explique Mélanie Debrabant : "il faut qu’on sache détecter les situations qui conduisent aux abus et être nous-mêmes un peu plus responsables. Ensuite il faut que les victimes d’abus ne soient plus délaissées, isolées. Il y a toute une culture ecclésiale à changer pour être mieux présents au service des personnes victimes."

Il faut qu’on sache détecter les situations qui conduisent aux abus. Ensuite il faut que les victimes d’abus ne soient plus délaissées, isolées.

Fraternité victimes, le nom de l'association est un message en lui-même, conclut Mélanie Debrabant. Il doit donner du sens à son action. La Fraternité dit-elle "fait référence pour nous chrétiens, à cette identité de frères et sœurs dans l’Eglise et d’enfants de Dieu. Mais plus largement dans notre société cela fait référence à notre devise nationale, à la fraternité des citoyens, à ce message universel qui nous appelle à prendre soin de l’autre, de mon voisin de mon prochain, à le servir…"

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©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
L'actu chrétienne

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