Ces zones visent en effet à exclure les véhicules les plus polluants des villes de plus de 150 000 habitants d'ici 2025. Pour certains, c’est une mesure de séparatisme social. Pour d’autres, c’est un véritable outil pour lutter contre la pollution de l’air. Rencontre avec Geneviève Laferrère, de France Nature Environnement pour mesurer l'intérêt d'une telle mesure.
Le 10 janvier 2023, le Rassemblement national proposait à l’Assemblée nationale de mettre fin aux ZFE. Selon le parti, cette loi pénaliserait surtout les travailleurs de province et ruraux, qui ont besoin de leurs véhicules pour circuler, sans forcément avoir les moyens d'investir dans un véhicule plus propre.
Mais quelle est la réalité de la mise en oeuvre de cette loi ? Ces zones visent en effet à supprimer la pollution générée par les véhicules les plus polluants des plus grosses agglomérations, c’est à dire l'équivalent des voitures aux vignettes Crit’air 4 et 5. Dans les Hauts-de-France, cela concerne les agglomérations de Lille, Dunkerque, Valenciennes, Béthune et Douai-Lens. Arras, qui n'est pas obligée, prépare également une ZFE.
Mais Geneviève Laferrère, pilote du réseau Territoires et mobilités durables chez FNE, précise que chaque collectivité aura le choix dans la mise en oeuvre des ZFE : " Elles ne sont pas obligées de prendre comme référentiel les vignettes Crit'air. On peut aussi mettre des péages urbains ou une circulation alternée en fonction des numéros de plaques d'immatriculation paires ou impaires. Mais ce qui parait le plus juste et le plus simple aujourd'hui, c'est de pénaliser les véhicules les plus polluants, en s'appuyant sur des aides financières à l'attention des automobilistes concernés. " Une souplesse qui n'est pas sans conséquence pour la vie des automobilistes puisque chaque agglomération aura sa propre règle.
Ce décret qui saborde la loi
L’État a publié discrètement le 22 décembre 2022 un décret permettant à ces mêmes grandes villes de contourner cette loi, histoire de ne pas relancer les gilets jaunes. Si elles démontrent par exemple que pendant 3 ans, sur ces 5 dernières années, elles ont réussi à limiter les concentrations moyennes annuelles en dioxyde d'azote, alors elle sont exemptées. Mais pour Geneviève Laferrère, ce décret devrait avoir un impact limité : "Les associations indépendantes comme Atmo qui mesurent la pollution de l'air montrent que dans la région Lille - Béthune - Dunkerque, le nombre de jours de dépassement concernant l'émission de particules fines est de 40 jours, au lieu de 20 ; un seuil fixé par l'Organisation mondiale de la santé. C'est un seuil important qui montre que ce contournement proposé par le décret pour repousser le sujet ne pourra pas concerner ce type de territoires. Il leur faut de vraies mesures correctrices."
Retrouvez ci-dessus l'intégralité de l'entretien avec Geneviève Laferrère dans Commune Planète Hauts de France du 19 janvier 2023 "
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