Marseille
Après la publication de l'avis du Comité Consultatif National d’Ethique favorable à une "aide active à mourir" le 13 septembre dernier, quels enjeux sociétaux, éthiques et moraux soulève cette décision ? De quoi parle-t-on exactement ? Avec quelles conséquences pour les personnes vulnérables, les familles, le corps médical, la société toute entière... Qu'est-ce qu'implique cette nouvelle orientation pour ces patients qui, contre toute attente, ont souvent encore soif...et faim de vie ?
"Quand il y a demande d'euthanasie, le malade dit avoir la volonté de mourir mais bien souvent il y a aussi un désir de vivre qui s'exprime", affirme Hubert Tesson, médecin-chef à la clinique Sainte Elisabeth spécialisée dans les soins palliatifs à Marseille. "C'est souvent un appel au secours : le patient veut crier sa souffrance, notamment la souffrance morale".
Nous sommes dans une société qui a peur de la mort
Après l'avis favorable du CCNE le 13 septembre dernier au sujet d'"une aide active à mourir" et le lancement d'une Convention citoyenne à ce sujet par Emmanuel Macron, l'euthanasie revient au centre des débats. Selon Olivier Sillard, directeur de la clinique Sainte Elisabeth, le recours à l'euthanasie révèle "une crise existentielle : nous sommes dans une société qui a peur de la mort, qui cache ses mourants..." Face à la souffrance, qui est selon lui protéiforme (physique, psychologique, sociale et spirituelle), "il est urgent de la traiter de manière globale plutôt que de la fuir".
"La demande d'euthanasie est assez régulière de la part des familles", poursuit le Dr Tesson, spécialiste des soins palliatifs depuis 30 ans. "Les proches font face à une vulnérabilité grandissante du malade et sont confrontées à leur propre souffrance". Le risque, selon le praticien, est "que la demande d'euthanasie soit saisie par l'entourage pour tenter de légitimer un acte technique qui relève de leur propre pulsion de mort".
Pour éviter cet écueil, le spécialiste des soins palliatifs plaide pour un accompagnement global et pluridisciplinaire : "il s'agit de prendre du temps, d'être très attentif, de rebondir sur les propos du patient : cela nécessite d'être convoqué par le malade et de ne pas céder à l'indifférence".
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