2023 marque le centenaire de la proclamation de Saint Bernard comme patron des alpinistes, des habitants et des voyageurs des Alpes. Un anniversaire célébré au col qui porte son nom : col situé à la frontière entre Suisse et Italie, dans le canton du Valais, à 2473 mètres d'altitude. En cet hospice, une communauté religieuse, accompagnée de salariés et bénévoles, perpétue la tradition d'accueil inconditionnel lancée par Bernard au XIème siècle. Témoignages.
Bernard, archidiacre d'Aoste, fonde en 1050 un hospice, pour accueillir et protéger les voyageurs qui entreprennent la dangereuse traversée des Alpes : voilà qui est sûr. En revanche, les origines de Bernard sont plus incertaines. La légende le rattache à la famille de Menthon, au bord du lac d'Annecy... une tradition orale pas vraiment avérée par les historiens. Sur cette question, Jean-Michel Lonfat, chanoine de la congrégation du Grand-Saint-Bernard et prieur de la communauté, choisit la neutralité : "Je n'ai pas d'avis tranché sur la question des origines de Bernard !" sourit-il. "Et au fond, ce n'est pas très important. Ce qui compte, c'est l'esprit de l'accueil, perpétué ici depuis un millénaire".
Cette idée que toute vie humaine a un prix
Un accueil qui a évolué, au fil des siècles, sur ce col à 2473 mètres d'altitude, accessible uniquement à raquette ou à skis durant 8 mois de l'année. "Les religieux partaient, avec leurs chiens, à la rencontre des pèlerins et des voyageurs. Ils allaient en reconnaissance en montagne, au péril de leur vie, pour en sauver d'autres. Nous avons conservé cette idée que toute vie humaine a un prix et que notre vocation à l'accueil reste imprimée dans le plan de Dieu" souligne Raphaël, chanoine. Les pèlerins et voyageurs d'aujourd'hui viennent du monde entier, avec des motivations très diverses : touristiques, sportives, spirituelles. "Nous accueillons, nous rencontrons. Nous partageons l'ambiance de notre vie communautaire à l'hospice. Pour le reste : c'est à la grâce de l'Esprit ! On ne sait pas ce qui se passe dans le cœur de chacun" confie Anne-Marie Maillard, consacrée associée à la congrégation.
A travers chaque personne qui rentre ici, c'est le Christ qui est adoré et nourri
La communauté de l'hospice aussi, a évolué. Elle est aujourd'hui composée de deux chanoines, un oblat et une consacrée. Quatre religieux accompagnées de 6 à 10 salariés et de bénévoles, pour héberger plus de 10.000 personnes par an. "Je trouve une manière de me réaliser, ici. A travers les rencontres, le service" témoigne Pierre, jeune salarié originaire de Belgique. Après une marche sur les chemins de Saint-Jacques, Elise, mayennaise, a choisi l'hospice pour un temps de bénévolat : "Après un pèlerinage en solitude, je découvre la vie communautaire, très riche, tout en restant proche de la nature". Gestion du bâtiment et des chambres, de la restauration, de l'accueil des groupes... L'hospice grouille de vie tout au long de la journée. "Ca court partout... Mais quatre fois par jour, la cloche sonne pour l'office. La communauté et tous ceux qui le souhaitent font une pause. Nous tournons notre cœur vers le Seigneur. Et nous nous souvenons, à ce moment-là, qu'à travers chaque personne qui rentre ici, c'est le Christ qui est adoré et nourri" conclut Anne-Marie Maillard.
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