Normandie
Le 23 novembre 1944, les troupes alliées libèrent Strasbourg de l'occupation nazie. Claude Steinmetz avait 16 ans et demi. 80 ans plus tard, ce prêtre franciscain nonagénaire raconte cette période.
Frère Hugues Steinmetz avait 13 ans quand l’Alsace est devenue allemande en juin 1940. Pour avoir le droit d’aller au Lycée et faire des études supérieures, les jeunes étaient obligés d’intégrer la jeunesse hitlérienne. Celui qui s'appelait alors Claude vivait à Sélestat avec sa famille, scolarisé au lycée du Docteur Eugène Koerberlé où la langue française était bannie.
Témoin d’un autodafé dans la cour de récréation qui le “fondre en larmes”, il décida ensuite de prendre la tangente. Avec ses camarades, ils s'ingéniaient à commémorer chaque année l’Armistice de 1918 à l’insu de leurs professeurs allemands : “C’était notre manière de triompher de l’oppression ” rapporte-t-il avec force détails.
En 1943, les recruteurs de la Wehrmacht firent irruption au lycée et convoquèrent les 28 garçons de l'établissement. Ils connurent le tragique sort des 100 000 Alsaciens et 30 000 Mosellans à être devoir revêtir “malgré eux” l’uniforme allemand pour combattre l’armée russe qui menaçait l’empire nazi sur le front de l’Est.
Claude Steinmetz avait alors 16 ans. Il raconte l’entraînement à tuer qu’il subit à Karlsruhe, en Allemagne , ainsi que ses différentes mobilisations en Pologne, toujours accompagné de son frère jumeau. “On n’était pourtant que des gamins maigrelets qui n’avaient pas assez à manger.”
C’est dans ce contexte peu favorable à la vie intérieure qu’il entendit pourtant pour la première fois un appel à suivre le Christ. “Dieu écrit vraiment droit avec nos lignes courbes”, relit aujourd'hui celui qui est prêtre franciscain au Couvent de Strasbourg.
Alors qu’il est en première ligne à Breslau où les combats s’intensifient sur le front de l’Est, il obtient “mystérieusement” la permission de partir avec son jumeau dans leur famille pendant deux semaines, quelques jours avant la libération de Strasbourg. Un timing qui lui vaut de ne plus retourner au front. Il assiste alors à l’arrivée des troupes alliées à Sélestat le 2 décembre 1944.
C’est le début d’un long processus de libération qui va prendre plus de 5 mois, une période faite d’espérances et de désillusions au rythme des avancées et des échecs de troupes alliées à laquelle s’ajoute la crainte d’être repéré et “passé aux armes” par l’armée allemande qui rôde.
Se souvenir de cette période est nécessaire pour lui car “qui n’a pas de mémoire, n’a pas d’avenir responsable.”
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