Ce fameux facteur s’appelle en réalité Joseph Ferdinand Cheval, il est fils de paysan, il est né dans la Drôme au début du XIXème siècle, il est d’abord apprenti boulanger puis il devient facteur. Quand le film débute, il est déjà veuf et il rencontre Philomène qui va devenir sa seconde épouse.
Ce qu’on sait ensuite, c’est qu’un jour il trébuche sur une pierre lors d’une tournée, et qu’il va se mettre à en ramasser inlassablement, pendant 33 ans, le long des chemins, pour construire une œuvre titanesque, qui sort totalement de l’entendement, une sorte de cabane magique géante, qu’il va appeler son Palais Idéal. C'est un projet totalement fou et il passe pour un gentil illuminé dans son village d’Hauterives. Et pourtant, en 1969, André Malraux – qui est alors ministre de la culture-, va faire classer ce palais "monument historique" et lui offrir une reconnaissance posthume.
Jacques Gamblin incarne le facteur Cheval à l'écran et rien que pour lui, il faut aller voir le film. J’étais déjà fan avant, mais là il tient vraiment un très grand rôle. Il a la même intensité qu’un Daniel Auteuil en Hugolin dans Manon des Sources. Il habite totalement le personnage, il en fait un homme taiseux, incapable d’exprimer ses sentiments, avec un visage marqué – il a maigri pour le rôle- mais des yeux très expressifs, presque fièvreux.
Il a écrit peu de choses à ce sujet dans ses mémoires et l’homme comme l’acteur gardent une part de mystère. Mais Nils Tavernier qui s’est plongé dans les archives nous propose ici une grande histoire romantique. Déjà sa femme Philomène l’aime et le soutient, elle voit en lui un cœur pur et se moque totalement du "qu’en dira-t-on". Et aussi sa fille pour qui il travaille avec acharnement, et à qui il veut offrir son œuvre.
Laetitia Casta est magnifique et solaire, mais elle a un aspect terrien et naturel qui va bien au rôle. Il n’y a aucune explication à leur amour, pas de psychologie des personnages. Le film n’est pas très bavard, assez lent, on avance au rythme de la construction. Ce qui bride parfois un peu l’émotion, et en même temps il nous ramène à l’essentiel : à la beauté de la nature, au temps qui passe, à l’importance des regards.
Et puis lui est beaucoup plus qu’un doux rêveur. Il a un côté enfantin mais il est déterminé et il s’intéresse à tout. Son palais est truffé de références culturelles et d’écrits quasi mystiques. Le réalisateur en a repris dans les dialogues. A un moment, Cheval dit: «Ici Les fées de l’orient ont fraternisé avec celles de l’occident ». C'est l’histoire d’un homme libre qui a su trouver son chemin et probablement un sens à sa vie.
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