Le président de la République est l’invité d’honneur de la fête nationale indienne ce vendredi. Ce déplacement s’inscrit dans le cadre d’un renforcement du partenariat stratégique entre la France et l’Inde. Les relations entre les deux pays sont au beau fixe. Mais le régime du Premier Ministre Narendra Modi est critiqué par les défenseurs des droits humains.
Invité sur les Champs Elysées, le 14 juillet 2023, Narendra Modi, le Premier ministre indien rend la politesse, six mois plus tard. Emmanuel Macron a entamé jeudi une visite de deux jours en Inde avec en point d’orgue le défilé de la fête de la Constitution ce vendredi. Le chef de l’Etat en est l’invité d’honneur et des militaires français participent aussi. "La relation a toujours été bonne, mais a parfois souffert d’une relative indifférence publique. Cela remonte aux années cinquante, ce sont des relations anciennes profondes et qui vont en s’approfondissant", explique Olivier Da Lage, chercheur associé à l’Iris spécialiste de l’Inde.
"La relation personnelle entre Macron et Modi est par ailleurs excellente. Les deux pays partagent aussi la même vision de l’autonomie stratégique et ont des convergences de vue sur l’Indo-Pacifique où la France se veut proactive", ajoute le chercheur.
Au menu de cette visite donc les questions liées aux enjeux globaux, aux relations internationales. L’Inde, partenaire de longue date de la Russie refuse de condamner son offensive en Ukraine. "Mais il y a peu de chance de voir Emmanuel Macron faire fléchir Narendra Modi sur ce sujet. La situation en Ukraine conforte l'Inde dans sa position de neutralité", estime Olivier Da Lage.
C’est bien sur les relations économiques bilatérales que se concentre ce déplacement, avec des discussions dans les secteurs de la défense, du spatial, ou encore du cyber selon le Quai d’Orsay. Emmanuel Macron est accompagné d’une quinzaine de chefs d’entreprise, dont les PDG d’EDF, Dassault Aviation, Naval Group et Cap Gemini. La France est déjà sur les rangs pour livrer de nouveaux sous-marins et 26 rafales marine pour équiper le dernier porte-avions indien. Elle espère accroître sa coopération dans l’industrie militaire et nucléaire avec l’objectif de proposer six réacteurs EPR.
Première puissance démographique avec 1,43 milliard d’habitants et cinquième puissance économique mondiale, l’Inde est un poids lourd de plus en plus courtisé par les investisseurs du monde entier. "Ces 20 dernières années, le pays a connu un essor économique majeur", rappelle Arundhati Virmani, historienne de l’Inde contemporaine à l’École des hautes études en sciences sociales à Marseille, autrice de l’Atlas Historique de l’Inde.
"Auparavant, le pays vivait avec des marchés protégés. Cette ouverture a entraîné une transformation des mœurs et des pratiques des indiens en matière de consommation C’est devenu un immense marché. Mais l’emploi reste un défi tandis qu’une minorité s’est enrichie, on observe un accroissement des inégalités", souligne l'historienne.
Narendra Modi est au pouvoir depuis 2014 et Emmanuel Macron doit aussi composer avec un dirigeant nationaliste hindou de plus en plus encombrant au regard des droits humains. Les ONG, comme Human Right Watch et Amnesty International dénoncent, à la fois des dérives autoritaires, la répression de certaines oppositions et des minorités religieuses.
Autre signal alarmant, les menaces sur la liberté de la presse. Le cas de Vanessa Dougnac, correspondante de la Croix en Inde est révélateur. Elle est menacée d’expulsion après 23 ans passés à couvrir l’actualité dans le pays. Elle est accusée de mener des activités malveillante et critiques vis-à-vis de l’Inde. "Ces accusations ne sont pas absolument pas étayées. C’est une atteinte à la liberté de la presse", estime Jean-Christophe Ploquin, rédacteur en chef de La Croix, citant d’autres cas problématiques. La BBC notamment a été ciblée par le fisc indien après la diffusion d’un documentaire sur Narendra Modi lorsqu’il était à la tête de l’état du Gujarat. Le cas de Vanessa Dougnac avait été abordé par Modi et Macron le 14 juillet 2023 mais cela n’avait pas abouti .
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