Vous avez peut-être remarqué que de nombreux prix avaient augmenté. Dans ma boulangerie, le prix de la baguette est passé d’1€ à 1,05€. De la même manière le prix du gazole a augmenté de 13% ces derniers mois. Le sans plomb de 16%. Tout cela laisse penser que l’inflation, qui avait disparu depuis une dizaine d’années, pourrait faire son grand retour.
Comme souvent il n’y pas une cause unique mais un ensemble de facteurs. Du côté de l’alimentaire, un grand nombre de pays ont eu des récoltes décevantes. C’est le cas de la Russie à cause d’une météo peu clémente, ou du Canada à cause des incendies de cet été. Tout cela participe à faire grimper les prix au niveau mondial.
Pour l’énergie, il y a apparemment une volonté des pays producteurs, les membres de l’Opep, de retrouver des marges après des années difficiles. Le fonctionnement des marchés financiers pourrait également être en cause.
Au-delà de ces raisons spécifiques, il y a un problème de logistique au niveau mondial, qui impacte tous les biens. Les chaines du commerce mondiale se sont grippées.
Et comme tous les biens que nous consommons aujourd’hui contiennent des composants qui ont voyagé à un moment donné, ce problème de la logistique mondiale pèse sur tous les secteurs : l’alimentaire et l’énergie dont nous avons parlé, mais aussi les matériaux de construction, les jouets, le mobilier de maison ou encore l’électronique.
Le problème n’est pas lié à l’arrêt de la production pendant le confinement. Il vient plutôt de la difficulté à orchestrer la reprise. C’est un peu comme sur une autoroute : même quand l’obstacle est levé, il faut beaucoup de temps pour qu’un embouteillage disparaisse. Aujourd’hui tout redémarre.
Mais les files d’attentes pour charger les bateaux s’allongent. Les magasins, en Europe, ont du mal à trouver des conteneurs pour faire voyager leurs produits. Cela perturbe l’organisation des entreprises, crée des pénuries, rallonge les délais de livraison et fait augmenter les prix. Ce sont des difficultés que l’on retrouve dans presque tous les secteurs de l’économie.
Reste à savoir comment les ménages vont réagir à cette hausse des prix. C’est le cœur du problème. En particulier pour les ménages les plus modestes. C’est pour cette raison que Jean Castex a annoncé lundi dernier une hausse du chèque énergie, qui passe de 150€ à 250 € pour 5,8 millions de Français.
Pour l’instant l’inflation reste limitée, à environ 2%. Mais la question des négociations salariales se posera bientôt. Or le poids des syndicats est beaucoup plus faible aujourd’hui que dans les années 70, lors des derniers grands épisodes d’inflation.
L’indexation des salaires sur l’inflation, observée à l’époque, ne va donc plus de soi aujourd’hui. Les négociations se feront métier par métier, entreprise par entreprise. Seule certitude : cette question sera au cœur de l’actualité sociale dans les mois à venir.
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