Après les conclusions du Conseil national de la refondation (CNR) ce lundi 5 juin, le constat est clair : la France traverse une forte crise du logement qui dure et ne faiblit pas. Le logement est devenu la première dépense des foyers qui ont de plus en plus de mal à se loger. Les chiffres le démontrent : il y aurait plus de 4 millions de mal-logés en France et 2,3 millions de ménages en attente d’un logement social. Ces difficultés sont dues à des facteurs divers, ce qui rend le sujet compliqué.
En dix ans, la France a vu les prix à l'achat de biens immobiliers augmenter de 61% à Paris, 62% à Lyon, ou 79% à Bordeaux. Les prix des loyers ont pris quant à eux 3,6 % en moyenne rien que cette année. Qui plus est, la conjoncture actuelle n’aide pas. "Il faut en plus mettre les choses dans leur contexte, il y a moins d’argent", observe Céline Beaujolin, directrice générale de Habitat & Humanisme. Tout cela implique donc de fortes inégalités sociales entre les foyers.
La situation s’explique à la fois par des éléments anciens et par des facteurs nouveaux. Selon Céline Beaujolin, "les prix du foncier sont de plus en plus chers et de nombreux logements sont délaissés depuis longtemps". En revanche, des éléments conjoncturels se sont ajoutés à cela, comme "la hausse des taux du livret A", ainsi que d’autres plus durables comme "la question de la transition écologique". Cette dernière vient ajouter des exigences supplémentaires à tout projet immobilier, ce qui freine certains élus ou constructeurs.
Le taux du livret A jouerait ainsi fortement sur la crise actuelle. Depuis le 1er février 2023, le taux du livret A se situe à 3% et il pourrait atteindre 4% au 1er août prochain, ce qui accentue la crise. Cela s’explique par le fait que "la production de logements sociaux est basée sur le livret A et les prêts sont indexés sur son taux", comme l’indique Céline Beaujolin. Cela a malheureusement éliminé de nombreuses personnes aux moyens intermédiaires alors qu’elles étaient encore solvables il y a quelques mois.
La question des logements est des plus complexes. "C’est un sujet aux facettes nombreuses", affirme Alexandra Dutheillet de Lamothe, co-autrice du livre "Le logement : enjeux, crises et mutations" (éd. Presses des Ponts). En effet, la pluralité des catégories de logements n’aide pas. "Il y a du logement social, intermédiaire et libre", indique-t-elle. De plus, ce thème est connexe à bien d’autres sujets, en particulier ceux qui touchent à l’emploi.
L’un des points d'ancrage pour résoudre le problème est la rénovation. "Il y a un immense effort à faire pour rénover les passoires énergétiques", considère Alexandra Dutheillet de Lamothe. Ces "passoires" sont les logements classifiés F ou G qui consomment et émettent beaucoup de carbone. Un tiers des logements parisiens seraient concernés et il y en aurait 7 millions dans tout le pays. "Il faut travailler et trouver le chemin pour répondre à cette situation", estime Céline Beaujolin. Les idées lancées sont la densification des villes, le développement de solutions autour des garants ou encore des logements collectifs.
Très attendues par les acteurs associatifs, les conclusions du volet logement du Conseil national de la refondation ont déçu. Pour les ménages français les plus modestes, se loger est devenu une vraie difficulté. La crise du logement se mue doucement en crise du logement social et les mesures gouvernementales ne constituent pas l'électrochoc attendu. À l'aube d'une bombe sociale, décryptage dans le Dossier de la rédaction d'un plan qui n'en est pas vraiment un.
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