Jusqu’au 31 mars 2019, ces derniers ne pourront donc pas être mis à la porte même en cas d’impayé. Un soulagement pour de plus en plus de familles en France. Si on parle de trêve c’est bien parce que le reste de l’année sonne comme une sorte de combat pour tous ceux qui n’arrivent pas à boucler les fins de mois et payer leur loyer.
Selon les chiffres de la fondation Abbé Pierre, qui recense chaque année le nombre de personnes expulsées entre le 31 mars et le 1er novembre, 15 547 ménages ont été expulsés en 2018. soit 46% de plus qu’il y a dix ans. Ce qui ne change pas en revanche, c’est le profil des personnes les plus fragiles. 70% d'entre elles sont des personnes seules et des familles monoparentales. Ce sont elles qui se retrouvent le plus rapidement en situation d’impayé dès lors qu’elles perdent leur emploi ou se retrouvent confrontées à un problème de santé.
Pour toutes ces personnes, la trêve hivernale va offrir un moment de répit, et c’est loin d’être négligeable. En attendant, le milieu associatif continue de dénoncer le prix toujours plus élevé des logements. Ces 15 dernières années, les loyers ont augmenté de 50% et le prix du foncier a triplé en France. A l'opposé, les salaires des personnes les plus modestes ont diminué. Une équation impossible.
Moralité, selon une étude de l’Insee publiée la semaine dernière, un habitant sur six vit aujourd’hui dans un HLM, et près de 4 millions de personnes sont mal logées ou sans domicile fixe. Pour elles, les solutions ne sont pas nombreuses, il faut tenter sa chance dans l’un des centres d’hébergement d’urgence de sa ville, en espérant qu’il ne soit pas déjà plein à craquer.
Il existe en France plusieurs zones où obtenir un logement social, ou une place en hébergement d'urgence est un véritable parcours du combattant. C'est évidemment le cas en Île-de-France, mais également dans les autres grans pôles urbains de province, ou encore dans certaines petites villes très chères.
Pourtant, un droit censé protéger ces personnes existe en France, il s’agit du droit au logement opposable, le DALO. Ce fameux droit, on parle tout le temps et pourtant dont on se demande s’il sert à quelque chose. Il est censé s’appliquer à toute personne ayant effectué une demande de logement social mais qui n’a obtenu aucune réponse et donc, aucun logement. Plusieurs recours sont alors possibles en l’absence de propositions concrètes pour exiger un appartement.
Depuis 2008 sur l’ensemble du territoire plus de 100 000 personnes ont été relogées grâce au DALO. Mais dans certaines régions, cela reste encore largement insuffisant. Alors pour contrer ce qu’on appelle le non-recours et prévenir plus largement les expulsions, la fondation Abbé Pierre a mis en place une plateforme à la veille de la trêve hivernale.
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