Une semaine après les inondations qui ont frappé la ville de Valence en Espagne, le bilan humain s’élève pour l’instant à 217 morts. Ce scénario dramatique pourrait bien se répéter, selon Yamina Saheb, ingénieure et auteure pour le GIEC. En cause notamment, une urbanisation qu’elle juge incontrôlée et non adaptée aux changements climatiques.
Pas un bâtiment n’a été épargné par les torrents d’eau qui se sont abattus sur la ville de Valence. Les habitants ne s’attendaient pas du tout à devoir un jour faire face à une telle catastrophe naturelle. Pourtant de tels événements “risquent de se généraliser et de gagner en intensité”, avertit Yamina Saheb, ingénieure et auteure pour le GIEC. Pourtant elle n’observe aucune volonté d’adaptation des pouvoirs publics.
Selon Yamina Saheb, la catastrophe naturelle dramatique de Valence doit servir d’avertissement au monde entier. “Là, les gens comprennent puisqu’il y a mort d’hommes”. Les effets du changement climatique vont se faire de plus en plus présents et de plus en plus dévastateurs et il y a une nécessité d’adaptation du mode de vie humain. Pour l’ingénieure, une réflexion doit notamment être menée sur l’urbanisation et l’habitation, afin d’éviter d’autres drames humains. “Pour l’instant on promeut une urbanisation sans contrôle et qui va se traduire par des morts. C’est la population qui va subir.”
C’est soit le déménagement, soit vous acceptez de vivre avec le risque d’être englouti par les eaux.
Yamina Saheb n’envisage donc plus de s’installer en bord de mer, bien qu’aujourd’hui en France, les zones les plus peuplées soient les littoraux. “Les habitants des littoraux sont donc menacés par des inondations avec la montée des eaux, mais aussi par l'accumulation de vapeur d’eau”. Pour elle, il n’y a plus le choix, il va falloir que bon nombre de personnes déménagent “il va y avoir du déménagement, c’est inévitable. C’est soit le déménagement, soit vous acceptez de vivre avec le risque d’être englouti par les eaux.” Si elle évoque les littoraux, les zones fluviales sont aussi concernées. La ville de Saint-Omer dans le Pas-de-Calais a connu des inondations importantes en 2024 du fait de la crue du fleuve Aa.
Pour Yamina Saheb, il n’y a pas que la population qui doit s’adapter pour faire face à la réalité du changement climatique. Elle dénonce aussi des politiques d’urbanisation qui ne vont pas dans le bon sens. Si elle reconnaît que des mesures ont été prises, elle déplore toutefois leur modification aux profits d’intérêts économiques. “La loi sur le zéro artificialisation des sols était une bonne loi, mais pas assez ambitieuse. Désormais une nouvelle dérogation a été introduite qui va la rendre caduque.” Le résultat est très en-deçà de ce que prévoyaient les accords de Paris "on visait de limiter l'augmentation de la température moyenne sur Terre de +1,5 °C pour la fin du siècle, on va y arriver en 2030".
On visait de limiter l'augmentation de la température moyenne sur Terre de +1,5 °C pour la fin du siècle, on va y arriver en 2030.
En cause, des hommes politiques “qui ne se rendent pas compte que l’on est qu’au début du travail à accomplir, et qui votent en parallèle des lois anti-humaines.” Il s'agit pour Yamina Saheb d'une constante des décisionnaires à travers l'Europe et les États-Unis. Pour elle la prise de conscience des sphère décisionnaires ne se limite qu'à une question "combien de morts pouvez-vous accepter ?". Les dirigeants du monde entier lui répondront peut-être au cours de la COP29 qui ouvre ses portes la semaine prochaine en Azerbaïdjan.
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