L’épiscopat français a "le soutien du pape" dans ses résolutions contre la pédophilie. Est-ce à dire que le pape lui-même reconnaît la responsabilité institutionnelle de l'Église au sujet des abus sexuels ainsi que le caractère systémique, comme l'ont fait les évêques de France à Lourdes ? Ce lundi 13 décembre, il a affirmé en tout cas qu'il était "d’accord, sur le principe" pour recevoir des membres de la Ciase.
L’épiscopat français a "le soutien du pape" dans ses résolutions contre la pédophilie. C'est que qu'étaient venus chercher les membres de la conférence des évêques de France (CEF) à Rome, ce lundi 13 décembre. Une réunion de routine comme c’est l’usage après une assemblée plénière, mais cette fois le rapport Sauvé était à l'ordre du jour, ainsi que les décisions prises par les évêques à Lourdes.
Les attentes étaient d'autant plus fortes que le doute planait autour de la réception du rapport Sauvé au Vatican. Après avoir dit sa "honte" à l'égard des victimes après la parution du rapport début octobre, le souverain pontife avait appelé à la prudence dans l'avion qui le ramenait de Grèce le 6 décembre. Entre temps, l'Académie catholique de France avait diffusé son texte au Vatican, fin novembre, un texte extrêmement critique sur les travaux de la Ciase. Pierre Manent, l'un des huit auteurs de ce rapport a ainsi qualité de "faute majeure" la reconnaissance du caractère systémique des abus au sein de l'Église. Et la rencontre avec les membres de la commission Sauvée prévue le 9 décembre avait été annulée.
"On a entendu de la part du Saint Père un vrai encouragement", a confié le père Hugues de Woillemont au micro d'Étienne Pépin. Le secrétaire général de la CEF précise que non seulement le pape n’a pas remis en cause de rapport de la Ciase, mais qu’il a aussi "souligné la manière dont l’Église avait pris les décisions avec beaucoup de dignité et d’humilité". Ce que confirme Mgr Éric de Moulins-Beaufort : "Le pape a souligné le caractère exemplaire et la dignité de notre chemin." Est-ce à dire que le pape lui-même reconnaît la responsabilité institutionnelle de l'Église au sujet des abus sexuels ainsi que le caractère systémique, comme l'ont fait les évêques de France à Lourdes ?
Au cours de cette rencontre "son un ton grave et fraternel, ou paternel de la part du pape", d’après Mgr de Moulins-Beaufort, la discussion a notamment porté sur les récents propos du pape. Au sujet du rapport Sauvé, il avait déclaré qu’une "situation historique doit être interprétée avec l’herméneutique de l’époque, pas la nôtre". Des propos qu’il avait tenu le 6 décembre dernier, dans l'avion de retour de Grèce.
Sur ces points, les évêques de France n’ont pas hésité à contredire le pape, et à lui expliquer ceci : "Aujourd’hui nous savons ce que les personnes victimes subissent, nous savons l’ampleur du traumatisme", exprime Éric de Moulins-Beaufort. Ce à quoi le pape a réagit "tout de suite", observe le président de la CEF : "Il a dit oui vous avez raison, ça c’est le point important !"
Autre sujet de préoccupation : la rencontre du pape avec des membres de la Ciase. Prévue pour le 9 décembre, elle avait été annulée sans doute, au dire de certains observateurs, en raison de la diffusion du texte de l’Académie catholique. Sur ce point, le président de la CEF a affirmé que le pape était "d’accord, sur le principe" pour recevoir des membres de la commission contre les abus sexuels dans l’Église présidée par Jean-Marc Sauvé. Reste à déterminer la date.
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