Emmanuel Macron au Vatican. Après son discours au Collège des Bernardins, le président de la République sait que ce déplacement lui coûtera de nouvelles critiques des laïcistes. Qu’importe. Le chef de l’Etat doit se rendre mardi 26 juin au Vatican. Au programme, une rencontre prévue avec le pape François, et une célébration où, comme le veut la tradition, il sera fait chanoine d’honneur de la basilique Saint-Jean de Latran.
Pour certains observateurs, le fait de venir prendre possession de son titre pourrait continuer à restaurer la relation de confiance abîmée entre l’Etat et l’Eglise catholique. Ce qu’avait évoqué le président de la République lors de son discours aux Bernardins.
Les relations entre le royaume de France et le Vatican ne datent pas d’hier. Cela remonte à Charlemagne. Par la suite, c’est Henri IV qui fut nommé le premier chanoine du Latran. Sous la Vème République, trois présidents ne se sont pas rendus à Rome pour venir récupérer leur titre : Pompidou, Mitterrand et Hollande. Cette fois-ci, l’Elysée semble vouloir faire les choses jusqu’au bout. Au château, on affirme au passage qu’il "n’y a pas d’enjeu de laïcité".
"Pour le président Macron, en-dehors de ce qu’il peut penser personnellement vis-à-vis de la religion catholique, cela fait partie du roman national, d’aller au Latran, car il faut honorer tous les gestes qui font la mémoire de la France. C’est un geste qu’il ne faut pas surinterpréter, mais il tient à rester dans cette tradition brillante de la France ancienne" explique Jean-Louis de la Vaissière, ancien correspondant de l’AFP à Rome, spécialiste du Vatican.
Indépendamment de cette fonction représentative, cette visite du président à Rome pourrait avoir, à titre personnel, une certaine importance. C’est du moins ce que pense Jean-Louis de la Vaissière. "C’est une marque de respect vis-à-vis d’une religion. Il s’est fait baptiser quand il avait 12 ans. Il a un attachement à cette dimension spirituelle des problèmes de la société. Il a été influencé par son éducation chez les jésuites. Il a des références intellectuelles, avec des penseurs, des écrivains, des romanciers chrétiens. C’est un homme qui est formé à cette pensée chrétienne, qui en connaît et en reconnaît la richesse. Pour lui, c’est important de rencontrer le pape, d’aller au Vatican. Ce n’est pas quelque chose qu’il méprise" ajoute le journaliste.
Le pape François est, tout le monde le sait, un jésuite. Emmanuel Macron a été formé chez les jésuites. Un point commun entre les deux hommes. "Le point de jonction, c’est d’ouvrir les fenêtres et les portes. La laïcité doit être ouverte au spirituel. Il y a une attention au monde commun tel qu’il est, en le regardant avec bienveillance" précise Jean-Louis de la Vaissière, soulignant une certaine connivence, philosophique du moins, entre le Saint Père et le chef de l’État.
D’un point de vue diplomatique, la rencontre entre les deux hommes est capitale. "Ce sont deux réseaux diplomatiques parmi les plus importants au monde qui se rencontrent. Il y a tout un travail dont on ne saitrien qui est fait constamment, sur de nombreux dossiers. Les sujets sont très nombreux : l’immigration qui inquiète beaucoup le pape, l’Afrique où la France a un rôle important sur place. Le pape devrait encourager Emmanuel Macron et la France à avoir un développement intelligent sur le continent africain pour empêcher le départ de personnes" lance encore Jean-Louis de la Vaissière.
François Hollande ne s'était pas rendu au Vatican pour récupérer son titre. Durant son quinquennat, ce dernier avait entretenu une relation compliquée avec l'Eglise catholique en France. Bien que ce déplacement au Vatican soit d'un autre ordre que son discours aux Bernardins, Emmanuel Macron s'attache aujourd'hui à entretenir une relation suivie et décomplexée avec l'Eglise catholique.
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