195.000 voitures électriques et hybrides rechargeable vendues en 2020. C’est 125.000 de plus qu’en 2019. Une progression de 180 % alors que le marché automobile s’est effondré avec la crise du Covid-19, en recul de plus de 25 %. C’est du jamais vu et les raisons de ces résultats sont multiples. "On a une très forte croissance de la diversité des modèles, on en a pour tous les usages. On a aussi une réassurance par rapport aux kilomètres qu’on peut parcourir qui lève un frein à l’achat", explique Cécile Goubet, directrice générale de l’Association nationale pour le développement de la mobilité électrique qui regroupe les industriels du secteur.
L’objectif du secteur pour 2020 était de 170.000 véhicules vendus. Il a été largement dépassé. Pratiquement 111.000 voitures électriques vendues et presque 75.000 hybrides rechargeables. "C’est une tendance qui a surpris tous les observateurs parce que les prévisions ne prévoyaient pas une augmentation aussi forte des véhicules électriques. C’est un marché qui est lancé, qui a encore un potentiel de croissance assez important. Les constructeurs sont obligés de vendre beaucoup de voitures 100% électriques pour éviter de payer des amendes", analyse Flavien Neuvy, économiste et directeur de l’Observatoire Cetelem du marché automobile.
Ce marché a été très soutenu par l’État avec les primes à la conversion. Cécile Goubet, de l’Avere, le reconnaît. Pour elle, la poursuite de ce soutien au marché de l’électrique est nécessaire. Mais elle a aussi une autre inquiétude : qui dit voiture électrique dit recharge, et sur ce point il y a des progrès a faire. "On a un taux de croissance au niveau des ouvertures de point de recharge qui est beaucoup plus faible que le taux de croissance des ventes de véhicules électriques", explique-t-elle.
S’il est relativement facile d’installer un système de recharge à domicile c’est plus compliqué dans des immeubles collectifs en copropriété. Même si des aides existent et la règlementation assouplies. Il y a aussi les bornes dans l’espace public. "Si ce nombre progresse peu c’est parce que cela pose des problèmes concrets de financement de l'installation des bonnes de recharge, de l’électricité elle-même. Le fait que les bonnes de recharge soient moins nombreuses qu'espéré n’est pas une surprise. Cela coûte relativement cher", rappelle Yves Crozet, économiste des transports et professeur émérite à Science Po Lyon.
Il reste encore des freins. Est-ce vraiment une voiture propre ? Un certain nombre d’écologistes critiquent la voiture électrique. En roulant, elle ne rejette a priori pas de CO2. Mais il y a la façon dont l’électricité est produite renouvelable, nucléaire ou bien charbon. La question de la construction du véhicule, notamment de la fabrication de la batterie très gourmande en métaux rares, difficile à extraire. C'est une batterie encore majoritairement conçue en Asie.
La taille et le poids de la voiture jouent aussi. "Ça sera toujours mieux d’avoir un véhicule plus léger. Un SUV sera plus gourmand en énergie qu’une citadine. Pour un véhicule électrique, c’est l’empreinte carbone liée à la confection de la batterie qui est le plus pénalisant", estime Stéphane Amant, en charge des questions de mobilité dans le cabinet d’expertise Carbone 4.
Avec le projet européen d'un "Airbus des batteries", des milliards d’euros ont été investis par la France et l’Allemagne. Dès cette année, des résultats sont attendus sur les sites pilotes pour une production de masse d’ici trois ans. En parallèle, on nous promet des innovations sur le recyclage et la réutilisation des batteries.
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