Marcher aux côtés des pauvres et des exclus. C’est un état d’esprit, une posture qui refuse le surplomb et assume le compagnonnage. C’est surtout un engagement au nom du Christ, un engagement porté par la prière.
Si l’image d’Epinal fait des jésuites de grands intellectuels, des professeurs, des penseurs mais aussi des découvreurs, on connaît moins ou on s’intéresse moins à leur apostolat aux cotés des plus fragiles. Ceux qui sont aux périphéries de notre monde comme l'a rappelé le pape François, lui-même jésuite. Un pape qui a fait de l'accompagnement des exclus une règle de son pontificat.
Pourtant, cette question de la pauvreté est bien là, déjà présente dans la vie et dans les oeuvre d’Ignace de Loyola, le fondateur des jésuites. Il nous appartient de redécouvrir cet apport et de nous intéresser à cet ancrage des jésuites d’aujourd’hui dans la boue et la misère du monde.
Saint Ignace de Loyola est passé de l'opulence à la recherche de la pauvreté. Un véritable chemin de conversion. "A Paris, Ignace visite un appartement où il y a un pestiféré. Il le touche, il le console. En sortant, il se fait un film. Il pense qu’il a mal à sa main droite. Il met sa main dans sa bouche. Il décide d’agir contre cette résistance naturelle, pour continuer à servir. Approcher la pauvreté n’est jamais évident. On peut avoir un rapport charitable avec une personne, sans l’écouter. Ou bien égocentrique. Il y a un équilibre à avoir : mettre Dieu en premier, pour être en compagnie des pauvres. Car c’est d’eux que vient le rapport de Dieu. Il y a un enjeu de conversion pour soi-même" explique Antoine Paumard, directeur du JRS.
"Ignace, c’est vraiment un homme qui se cherche après sa conversion. Il y a des ratés dans sa conversion. Il veut imiter la pauvreté de St François, de manière extérieure. Il laisse pousser ses cheveux et ses ongles. On ne sait pas combien de temps il a vécu comme ça. Et il finira par abandonner cette pratique. C’est vraiment l’homme qui cherche le cheminement authentique. C’est ce qu’on essaie d’expérimenter en tant que jésuite, vivre quelque chose d’authentique" ajoute Jean-Baptiste Roy.
Françoise Gintrac rappelle quant à elle une anecdote qui en dit long sur l'authenticité de la démarche de St Ignace. "Quand St Ignace quitte Loyola, il rend tous ses vêtements de gentilhomme espagnol. Il donne son vêtement à un pauvre. C’est déjà le signe de cette volonté de vivre en proximité des pauvres. Il continue à marcher et il est rattrapé plus loin. On lui demande s’il a bien donné son vêtement à un pauvre, qu’on a accusé de lui avoir volé. Ignace raconte qu’il a eu les larmes aux yeux pour avoir mis le pauvre dans une mauvaise position" lance-t-elle.
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