Strasbourg
Annoncé ce jeudi, le départ de Mgr Luc Ravel de l'archevêché de Strasbourg n'est pas une surprise. Depuis plusieurs mois le diocèse était enlisé dans une crise de confiance. On reprochait notamment à l'archevêque d'avoir fait de la lutte contre les abus sexuels son unique sujet pastoral. Pour la théologienne Marie-Jo Thiel, professeur émérite de l'université de Strasbourg, "on ne peut que regretter le vide que Luc Ravel a créé autour de lui".
Le départ de Mgr Luc Ravel, annoncé par la Conférence des évêques de France ce jeudi 20 avril, n’est pas une surprise. La visite apostolique demandée par le Vatican, entamée en 27 juin 2022, avait mis en lumière un mode de gouvernance jugé autoritaire.
Depuis plusieurs mois, le diocèse s’était enlisé dans une crise de confiance avec l’éviction de plusieurs responsables, pour des accusations de violences sexuelles ou leur couverture. Le 30 mars dernier, Mgr Ravel a ainsi exclu du conseil épiscopal Mgr Christian Kratz. En cause, sa gestion de l’affaire concernant le Père Emmanuel Walch. L’ancien aumônier du collège épiscopal Saint-Étienne, à Strasbourg, qui s’est suicidé le 1er janvier. Celui-ci avait reçu une plainte pour viol sur mineure. Début avril, Mgr Ravel a également écarté de son conseil épiscopal le vicaire général, Hubert Schmitt, mis en cause dans une affaire d’abus sexuels.
Mgr Luc Ravel était précurseur en France dans la lutte contre les abus sexuels. En septembre 2018, il avait notamment publié la lettre apostolique "Mieux vaut tard". Mais la lutte contre les abus était devenu son seul sujet pastoral : c'est ainsi que plusieurs prêtres le ressentaient. "Les prêtres dans le diocèse se sont plaints depuis des années qu’il ne traite que de la question des abus", explique la théologienne Marie-Jo Thiel, professeur émérite de l’université de Strasbourg, au micro de Margot Hemmerich. "C’est ça, ce qui est problématique", ajoute-t-elle.
Certes, "il faut reconnaître" le travail "très important" de Mgr Ravel pour lutter contre les abus sexuels dans l'Église, admet Marie-Jo Thiel. Mais "la question n’est pas là". "En fait, quand on est évêque, on ne peut pas se contenter d’un travail sur les abus. On attend aussi d’un évêque des visites pastorales des rencontres fraternelles avec le peuple de Dieu, avec tous les baptisés, pour co-construire l’Église." Faute de quoi, estime la théologienne, "on ne peut que regretter le vide que Luc Ravel a créé autour de lui".
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