Martin Steffens : dans cette pandémie, chacun y va de son hypothèse forte et cela participe au clivage
Agrégé de philosophie et enseignant en classes préparatoires, Martin Steffens nous livre son regard sur les fractures de notre société en pleine crise sanitaire. Entre peur d'être contaminé et peur de perdre ses libertés, pourquoi avons-nous plus que jamais besoin de retrouver notre humanité ? Martin Steffens nous livre son éclairage.
Martin SteffensAlors que la crise sanitaire perdure, nous touche durablement, amenant avec elle de profondes fractures dans notre société, comment s'écouter les uns, les autres ? Pour Martin Steffins, l'écoute est la clé et à la fois un grand défi. Notre espace est aujourd'hui de plus en plus saturé de paroles, hors sans silence, il est très difficile de se laisser convaincre.
Pour le philosophe, il ne faut pas s'inquiéter des polémiques ou de la tension. Le vrai problème apparaît quand les choses en viennent à se cristalliser, à se figer. Mais plus que cela aujourd'hui, notre société fait face à de grandes peurs.
"En réalité, ce qui s'oppose, ce n'est pas tant de grandes idées que de grandes peurs, la peur d'être malade ou de rendre malade, la peur de perdre politiquement ses libertés, etc."
Face à ces peurs diverses, l'exagération est désormais la norme pour affirmer ou défendre ses idées dans un monde que Martin Steffens qualifie de clair obscur, parfois inquiétant au niveau de l'emprise des nouvelles technologies sur nos vies privées, ou au niveau médical avec un énième varian du Covid-19 en attente d’éclore.
"Ce que nous a montré cette crise, c'est que la liberté avait un synonyme caché qui est l'hospitalité. On a fabriqué en 18 mois un monde profondément inhospitalier où, tout à coup, il n'était plus évident de s'asseoir à une terrasse."
Alors pour se retrouver, en famille, entre amis ou plus largement, il faudra peut-être que l'on renoue avec notre humanité, une humanité qui s'exprime au quotidien dans des gestes simples : serrer une main, ou sourire quelqu'un.
"Le visage, c'est cette partie de mon corps que j'offre à l'autre. Quand je lui parle, quand je suis en vis-à-vis, il doit la recueillir, et réciproquement."
Des gestes que la Covid-19 nous a obligé, pour l'heure, à mettre entre parenthèses.
Martin Steffens & Pierre Duleau
FAIRE FACE
Le visage et la crise sanitaire
Edition : Point de bascule
Martin Steffens & Pierre Duleau
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Le visage et la crise sanitaire
Edition : Point de bascule
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