Il s’agit d’un accord très important, en négociations depuis une vingtaine d’années. Il prévoit de libéraliser encore plus les échanges sur les biens agricoles, notamment, mais aussi dans les services et les marchés publics. Il prévoit également de faire converger les règles sanitaires en matières sociale, environnementale pour encourager les échanges. "Libéraliser les échanges, c’est faire baisser les droits de douanes qui sont déjà très faibles. Les négociations portent davantage sur les obstacles non-tarifaires comme les normes" explique Mathilde Dupré, responsable du programme commerce à l’Institut Veblen, un think tank qui a pour but de faire de la transition écologique un projet de société.
Mais cet accord ne fait pas l’unanimité de notre côté de l’Atlantique. "Il crée beaucoup de craintes, il présente un nombre de risques très élevés. On a en particulier des voix qui s’élèvent dans le secteur de la protection de l’environnement. Et toutes les organisations professionnelles agricoles demandent à la France et à l’Europe de ne pas aller plus loin dans la ratification de cet accord" ajoute cette spécialiste des accords commerciaux.
Les principaux opposants à ce traité expliquent qu’aujourd’hui on ne peut plus signer de pareils accords, pour l’environnement. Car les impacts pourraient être nombreux, et importants. "On ne devrait pas signer d’accord avec le Brésil, voire même développer des sanctions commerciales à l’encontre du Brésil, pour le faire changer de politique environnementale, en ciblant des produits impactants pour la déforestation, par exemple la production de soja. Par ailleurs, la philosophie même de ces accords est totalement contradictoire avec les engagements qu’ont pris les pays dans le cadre de l’accord de Paris" lance-t-elle.
La commission européenne actuelle vit ses derniers jours. Certains observateurs ont vu dans cet accord un projet de fin de règne, validé presque en cachette. "C’est certain que dans les derniers jours, les choses s’accélèrent. Mais le texte n’est pas finalisé. Cet accord va faire plusieurs milliers de pages, et cela peut encore durer des années, dans la plus totale opacité" précise Mathilde Dupré.
Autre accord très en vue, le CETA, l’accord commercial avec le Canada, qui arrivera devant les parlementaires français la semaine prochaine. "Ce ne sont pas les mêmes profils de pays, mais l’accord avec le Canada a été négocié entre 2008 et 2014 avec le gouvernement Harper, un gouvernement conservateur et très rétrograde sur les questions climatiques. C’est pour cette raison que l’accord est particulièrement nocif et climaticide. Il y a eu beaucoup de réunions et d’échanges avec Justin Trudeau, mais on n’est pas revenu sur les termes de l’accord" conclut-elle.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !