Depuis quelques années, les cabinets des médecins de montagne des Pays de Savoie sont pris d’assaut par les patients de la plaine qui ne trouvent pas de professionnels de santé disponible à proximité. Une situation qui atteint aujourd’hui ses limites.
Si en plaine, les cabinets médicaux fonctionnent sur rendez-vous, ce n’est pas le cas en station. Pour répondre aux urgences traumatologiques dues à la pratique du ski ou aux maux des vacanciers, les médecins de montagne reçoivent sans rendez-vous.
Un système plus flexible qui n’a pas échappé aux patients des vallées. “Maintenant, on a des gens qui viennent pour des renouvellements d’ordonnances, pour du suivi, pour un certificat médical, pour des choses qui ne relèvent pas de la spécificité de nos cabinets” explique le Dr Jean-Baptiste Delay, président de l'association des médecins de montagne. “Le dernier samedi où je travaillais, j’ai eu plus de 50 % des gens qui n’étaient pas des gens dont j’étais le médecin traitant”. *
Faute de trouver un rendez-vous rapide, à côté de chez eux, beaucoup sont désormais prêts à faire de longues minutes de route, à se rendre en station, pour obtenir une précieuse consultation.
“Si vous avez une angine et que votre médecin vous donne un rendez-vous à 6 ou 7 jours, ça n’a pas de sens puisque dans 4 ou 5 jours, l’angine sera terminée” comprend le Dr Jean-Baptiste Delay.
Malgré tout, il le rappelle, les cabinets de montagne ne peuvent pas accueillir, à eux seuls, la patientèle de tout un département. “Le problème, c’est qu’on est prêt pour l’hiver, mais à l’intersaison, on avait une activité qui était relativement faible donc on a juste un médecin senior et un interne” explique-t-il. “Si vous rajoutez 20 %, 30 %, 40 % de gens qui viennent de la vallée (...) vous allez terminer beaucoup plus tard, avec toute la partie administrative à faire et au lieu de finir à 19 h, on termine à 20 h 30, 21 h”.
Nos patients, dont on est les médecins traitants, on ne peut pas se permettre de leur dire qu’on n'a pas de place avant 6 ou 7 jours
Outre la charge de travail supplémentaire que cela représente pour leurs cabinets, les médecins traitants craignent, à terme, de ne plus pouvoir suivre comme il le faudrait leurs patients habituels. “C’est notre limite, on privilégiera toujours les patients dont on est les médecins traitants, ceux des villages de montagne” tranche le Dr Delay.
Pour éviter d’avoir à effectuer un tri des malades, les médecins de montagne plaident aujourd’hui pour l’ouverture de davantage de structures sans rendez-vous sur les territoires de plaine.
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