Le 21 février dernier, le pape François a voulu clarifier le motu proprio sur la messe en latin par un rescrit limitant le rôle des évêques. "Traditionis Custodes" reste un sujet sensible parmi les traditionalistes, mais pas tous. Le motu proprio ne s'appliquerait pas en effet aux communautés dont l'usage du missel de 1962 est prévu dans les statuts. Pour l'abbé Matthieu Raffray, de l'institut du Bon-Pasteur, les évêques "doivent" donc faire appel à des communautés comme la sienne pour répondre aux demandes des fidèles.
Alors que le motu proprio "Traditionis Custodes", sur la messe en latin avait suscité en juillet 2021 un sentiment de persécution parmi les traditionalistes, le pape François a signé le 21 février dernier un rescrit pour clarifier des points du motu proprio. Que pensent les traditionalistes de ce rescrit ? Réponses de l’abbé Matthieu Raffray, prêtre de l’institut du Bon-Pasteur, une société de prêtres traditionaliste.
Il y a plus d’un an et demi, un texte du pape François, "Traditionis Custodes" avait vivement fait réagir dans les milieux catholiques traditionalistes. Ce motu proprio venait drastiquement restreindre la possibilité de célébrer la messe selon le rite d’avant le concile Vatican II. Les fidèles attachés au rite ancien de la messe ont exprimé un sentiment d’incompréhension, voire d’indignation. Parmi eux "beaucoup de familles, beaucoup de jeunes convertis en plus", note l’abbé Raffray, qui "se sentent un peu persécutés". "Je pense que c’est un sujet sensible qui fait qu’il y a des réactions un peu à fleur de peau qui sont compréhensibles."
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Le rescrit du 21 février prévoit que les prêtres ordonnés après le 16 juin 2021, date de la promulgation du motu proprio Traditionis custodes", devront demander l’autorisation au Saint-Siège pour pouvoir célébrer la messe tridentine. Par ailleurs, toute création ou utilisation d'une église paroissiale pour dire la messe selon l’ancien missel de 1962 devra être validée à Rome.
"Ce rescrit, il faut faire attention, il ne faut pas l’interpréter comme une nouvelle restriction qui serait imposée à la messe traditionnelle, prévient l’abbé Raffray, ce que fait ce rescrit c’est simplement limiter le pouvoir de dispense des évêques uniquement sur les nouveaux prêtres qui seraient intéressés par la célébration de la messe traditionnelle, et sur le fait qu’il y a des paroisses qui puissent avoir la célébration de la messe traditionnelle."
Selon lui, le rescrit n’empêche pas les évêques de faire appel aux communautés comme l’institut du Bon-Pasteur. "Tout le reste est tout à fait permis pour les évêques", estime-t-il. Y compris de "faire appel aux communautés qui sont spécialisées dans cette forme ancienne du rite". De fait, il y a un an, le pape a signé un décret selon lequel les prêtres de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre (FSSP), une autre société de prêtres traditionaliste, sont exemptés des dispositions du motu proprio.
François aurait précisé à l’oral que cela concerne aussi les autres communautés Ecclesia Dei, dont l'usage des livres liturgiques anciens est prévu dans leurs constitutions. "En raison de nos statuts, ajoute l'abbé Raffray, nous nous sommes spécialisés dans cette célébration de la forme ancienne. Et donc moi j’en déduis que les évêques doivent faire appel à nos communautés pour ce genre de célébration."
Matthieu Raffray insiste sur la "légitimité" des différentes sensibilités au sein de l'Église. "L’Église catholique c’est pas une entreprise où tout le monde devrait être habillé pareil, vous voyez comme chez Mac Donald’s, où tout le monde a le même uniforme et doit suivre les mêmes procédures de sécurité… Non, l’Église c’est le corps du Christ, il y a différents aspects du visage du Christ qui sont tout à fait légitimes."
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