Les évêques de France étaient réunis à Lourdes cette semaine pour leur assemblée plénière de printemps. Au programme : une messe en hommage aux Ukrainiens, la conclusion de la séquence consacrée à l’écologie intégrale, l’évaluation des mesures prises après le rapport de la CIASE… Retour sur cette session avec Mgr Eric de Moulins-Beaufort, réélu jeudi président de la Conférence des évêques de France, au micro d’Étienne Pépin.
En hommage aux victimes de la guerre en Ukraine, l’assemblée plénière des évêques de France s’est ouverte mardi dernier par une messe présidée par Mgr Lonchyna, administrateur apostolique de l'éparchie de Saint-Volodymyr-le-Grand de Paris pour les Ukrainiens gréco-catholiques de la France, du Benelux et de la Suisse.
L’Eglise gréco-catholique ukrainienne est la plus grande des Eglises catholiques orientales, avec cinq millions de fidèles et environ 3.000 prêtres. Mgr de Moulins-Beaufort explique que "les circonstances de la guerre nous ont emmenés à vouloir nous unir plus intensément dans notre prière, notre supplication aux Ukrainiens pour la paix en Ukraine, pour la vérité dans la justice. Ça nous a permis aussi de prier pour le peuple russe qui se trouve embarqué dans cette guerre. Nous avons vécu ce moment comme une manière de marquer notre estime, notre solidarité profonde avec tous ceux qui souffrent, tous ceux qui sont réfugiés, tous ceux qui se battent, et surtout tous ceux qui espèrent qu’une paix, la paix des armes et une paix des cœurs puisse quand même se renouveler entre le peuple russe et le peuple ukrainien".
Le cycle sur l'écologie intégrale lancé en 2019 s’achève avec cette assemblée plénière de printemps. Pendant trois ans, les évêques ont vécu une démarche synodale en invitant des fidèles à participer à leurs travaux sur la crise climatique. Ensemble, ils ont réfléchi à la manière d’engager l’Eglise dans une conversion écologique à la suite du pape François et de l'Encyclique Laudato Si. Cette réflexion a eu une dimension œcuménique cette semaine avec la participation de théologiens d’autres confessions comme Martin Kopp, président de la commission "écologie et justice climatique" de la Fédération Protestante de France et le père Serge Sollogoub, recteur de la paroisse orthodoxe Saint-Jean-le-théologien, à Meudon. Au terme de ce cycle sur l’écologie intégrale, les évêques de France engagent toute l’Eglise dans une conversion écologique. Selon le président de la CEF, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, "c’est le début d’un long processus de transformation écologique. Il en va, dit-il de l’évangélisation, de la défense des plus fragiles et d’une attention aux jeunes anxieux quant au changement climatique".
Mercredi 6 avril dernier, les évêques et leurs invités ont proclamé un texte d’envoi dans lequel, dit Mgr Eric de Moulins-Beaufort, "nous avons reconnu tout ce que nous avons appris à travers ces années en écoutant des personnes diverses. Nous avons confessé que nous participions nous aussi à tout ce qui abîme la planète et la maison commune. Nous nous sommes tournés vers les jeunes générations et nous nous sommes engagés à lire l’Ecriture sainte en étant plus attentif à sa portée écologique, à célébrer les sacrements en étant davantage attentifs à ce qu’ils nous disent de l’écologie et nous nous sommes engagés à revoir toutes nos pratiques, tous nos comportements, à la lumière de l’écologie intégrale".
La CEF doit maintenant publier une liste de propositions d’engagements qui feront l’objet d’un discernement et de décisions dans chaque diocèse. Des engagements pourront prendre plusieurs formes concrètes avec des éco-lieux, mais aussi sous la forme de plaidoyer pour une éco-exemplarité de l’Eglise, la mise en place de formations sur l’écologie intégrale, l’organisation de temps liturgiques fortes avec une pastorale de l’écologie et enfin un travail en lien avec les autres acteurs de l’écologie dans la société.
Lors de leur dernière Assemblée plénière, les évêques de France ont reconnu "la responsabilité institutionnelle et la dimension systémique" des abus sexuels commis dans l’Église. Ils ont aussi confirmé que cela appelait à un devoir de reconnaissance, de justice et de réparation vis-à-vis des personnes victimes. Cette semaine, les évêques ont fait le point sur la mise en œuvre de leurs résolutions. Neuf groupes de travail ont déjà été mis en place sur des sujets comme "la confession et l’accompagnement spirituel" ou "l’analyse des causes des violences sexuelles au sein de l’Eglise".
Les évêques ont aussi lancé l’INIRR, l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation et le Fonds SELAM, le fonds de secours et de lutte contre les abus sur mineurs. Pour l'instant, 526 personnes victimes de violences sexuelles au sein de l’Eglise, se sont manifestées. Leurs attentes dans cette démarche sont diverses. Ainsi, 23 % d'entre elles ont apporté leur témoignage dans le seul but d’être recensé comme victimes.
Par ailleurs, 46 % souhaitent une reconnaissance claire par l’Église de l’épreuve endurée. La reconnaissance pourra être formalisée par un courrier officiel, une médiation ou une rencontre avec une autorité ecclésiale. La réparation sera une démarche restaurative adaptée à chaque victime dans un parcours personnalisé. A noter que 57 % des personnes qui se sont signalées souhaitent une réparation, et seulement la moitié demande une réparation financière. Pas moins de 20 millions d’euros ont déjà été récoltés par les évêques pour abonder le SELAM. Sur ce montant, cinq millions sont d’ores et déjà dédiés à la réparation et un million d’euros à la mémoire et à la prévention. Les victimes d’abus sexuels sont impliquées dans ces instances.
Mgr Eric de Moulins-Beaufort explique qu’il est "important de voir ces personnes, pas seulement comme des victimes mais comme des personnes vivantes parfois abimées, parfois blessées mais vivantes. Dans le fait qu’elles ont pu parler, elles ont manifesté une force de vie très grande. Elles ont besoin que cette reconnaissance ne soit pas que des paroles mais qu’elle soit concrète. Nombreuses sont celles qui ont besoin de mémoire, qu’on sache ce qu’il s’est passé et qu’elles existent."
Cette assemblée s’est déroulée dans le contexte de la fin de la campagne électorale. Les évêques ont publié il y a quelques semaine un document "L’espérance ne déçoit pas" pour accompagner les fidèles dans leur discernement. Alors, y a-t-il une manière catholique de voter ?
A la veille du premier tour de l'élection présidentielle, qui se tiendra dimanche 10 avril prochain, Mgr de Moulins Beaufort veut rappeler que "le seul Seigneur de nos âmes c’est le Christ. Dimanche nous n’allons pas choisir un Seigneur, un Sauveur, un Messie, nous allons chercher un responsable politique, quelqu’un qui puisse pendant cinq ans conduire notre pays dans les temps d’incertitude que nous traversons. La manière catholique de voter, c’est de ne pas s’imaginer qu’on vote pour un Sauveur mais bien pour un responsable politique qui soit capable de faire vivre un pays dans l’unité en paix".
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