Une vaste enquête publiée ce mardi dans la soirée révèle la mise en cause de plusieurs prêtres et évêques des Missions étrangères de Paris (MEP). Mgr Georges Colomb, évêque de La Rochelle et ancien supérieur des MEP, est visé par une enquête pour agression sexuelle - il "conteste vigoureusement" les accusations à son encontre.
L’affaire a été révélée ce mercredi dans la soirée par trois médias chrétiens. La Croix, La Vie et Famille Chrétienne ont collaboré ensemble pour mener l’enquête "compte tenu de la gravité particulière des faits présumés", écrivent-ils. Ils révèlent donc qu’une enquête préliminaire a été ouverte le 24 mai dernier à l’encontre de Mgr Georges Colomb, évêque de La Rochelle et ancien supérieur général des MEP (de 2010 à 2016), pour des soupçons de tentative de viol sur une personne majeure.
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Les faits se seraient déroulés en 2013. La victime présumée, un adulte originaire d’Alsace, logeait régulièrement dans les locaux des MEP à Paris. Mgr Colomb lui aurait proposé des massages, l’aurait contraint à s’allonger sur son lit et imposé des gestes déplacés. "Je suis stupéfait de ces allégations, que je démens totalement", a déclaré Mgr Colomb dans un communiqué publié sur le site du diocèse de La Rochelle.
Mgr Colomb a demandé à Rome de pouvoir être "mis en retrait le temps de l’enquête, tout en demeurant évêque de La Rochelle". Enquête qui porte, selon le parquet de Paris, sur des "faits de nature sexuelle".
Un autre évêque est cité dans cette affaire. Il s’agit de Mgr Gilles Reithinger, évêque auxiliaire de Strasbourg et lui aussi ancien supérieur général des MEP (de 2016 à 2021). Il aurait été informé par la victime présumée, mais selon lui, la version a changé depuis 10 ans. Il n’était pas question d’agression sexuelle à l’époque.
L’enquête publiée ce mardi met en cause plusieurs prêtres des MEP. Rappelons qu’en avril 2013, le Père Aymeric de Salvert, ancien missionnaire au Japon, avait été mis en garde à vue. Il fait aujourd’hui l’objet d’une enquête pour "viols aggravés et non-dénonciation de crime".
Pointant du doigt "des dysfonctionnements de gouvernance" et une "culture du secret" propice aux abus sexuels, l’enquête soulève l’hypothèse d’un "système" au sein des MEP. "Les manquements de quelques-uns ne veulent pas dire système, a déclaré l'actuel supérieur général des MEP, Vincent Sénéchal à La Croix, il faut faire attention à l’emballement et à la stigmatisation des MEP et laisser la justice faire son travail." Ce mardi, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, le président de la Conférence des évêques de France, a appelé au respect de la présomption d’innocence. Il a souligné la "gravité" des accusations et déclaré : "La parole des plaignants doit être entendue, les droits de la défense, respectés."
Le 11 mai dernier, les Missions étrangères de Paris ont annoncé avoir fait appel au cabinet GCPS Consulting pour mener une enquête interne. Et "faire la lumière sur des abus commis par des membres des MEP entre 1950 et 2023, en France comme dans leurs pays de mission".
Société de prêtres vieille de plus de 360 ans, les MEP représentent une institution importante au sein de l’Église catholique. Ses prêtres missionnaires ont contribué à faire connaître les cultures d’Asie et les langues locales, notamment des minorités ethniques. Linguistes, mais aussi botanistes ou géographes, l'histoire des MEP compte de grands noms de spécialistes. Et aussi plusieurs martyrs - vingt-trois d'entre eux ont été canonisés.
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