Dans nos sociétés mordernes sécularisées, l’Église est-elle menacée ? Comment la pandémie a modifié notre rapport à notre fragilité ? Autant de questions posées à Mgr Jozef de Kesel, le cardinal archevêque de Malines Bruxelles. Il vient de publier "Foi et religion dans une société moderne" aux éditions Salvator.
Alors que nous vivons dans des sociétés sécularisées, les chrétiens cherchent-ils leur place ? Selon Mgr Jozef de Kesel, religion et société sécularisée ne s’opposent pas forcément. "Je ne sais pas si l’Église est menacée. Je ne pense pas qu’on puisse parler d’une persécution de l’Église mais on évolue vers une société sécularisée", estime le cardinal archevêque de Malines Bruxelles.
"Je pense que l’Église va apprendre à vivre dans un monde qui n'est pas chrétien, poursuit-il. Avant l’avènement de la culture moderne, toutes les cultures étaient des cultures religieuses, mais ces sociétés ne sont pas toujours l’idéal. Quand on voit les chrétiens d'Orient, qui vivent dans des sociétés musulmanes, ils risquent de devenir des citoyens de troisième rang. C’est assez confortable d’être une église dans un pays chrétien. Mais je trouve que c’est plutôt l'exception." Pour autant, selon Mgr Jozef de Kesel, cela ne veut pas dire que l’Église doit s’adapter à toutes les évidences d’une société sécularisée.
Mgr Jozef de Kesel plaide dans son livre pour une société sécularisée mais pas séculariste où la religion est réservée au domaine privé. "Je m’y oppose fortement parce que le chrétien est aussi un citoyen. [...] Les religions sont sources de sens pour beaucoup de personnes dans une société sécularisée. [...] Le monde a beaucoup besoin de religion", affirme le cardinal archevêque de Malines Bruxelles.
"Si Dieu a besoin de son Église, c’est pour se faire connaître", ajoute-t-il. "Mais l’Église le fait dans des conditions qui sont celles d’une société sécularisée où on respecte l’autre. C’est finalement l’importance de la rencontre et c’est l’amitié qui évangélise", affirme Mgr Jozef de Kesel. Toutefois, le cardinal archevêque ne demande aucun privilège. Plutôt "une vraie reconnaissance car la société a besoin des communautés d’Église et des autres religions", selon lui.
Mgr Jozef de Kesel souffre d’un cancer. En plus de la pandémie, sa maladie lui a fait prendre conscience de sa vulnérabilité et de sa chance d’être en vie. "Je connais bien des gens qui ont été atteints par le cancer. Mais je n’ai jamais pensé à moi-même et tout d’un coup on est confronté à sa vulnérabilité et sa finitude. Chaque matin, je remercie le Seigneur que je suis encore en vie. Ce n'est pas évident", conclut-il.
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