Avec la pandémie de coronavirus le sanctuaire de Lourdes a été obligé d’annuler 95% des pèlerinages cette année. Sans pèlerins le sanctuaire a innové avec des pélerinages numérique, des e-pelerinage à distance. Le 16 juillet dernier par exemple, le jour anniversaire de la dernière apparition il y a eu "Lourdes United", le premier pèlerinage mondial digital qui a rassemblé 80 millions de pélerins du monde entier. Le pelerinage national du 15 août s’est également vécu de cette manière avec le renfort des médias chrétiens. Une situation insolite et inquiétante.
"Le Covid a une incidence actuelle sur la manière de vivre les pèlerinages puisque beaucoup de pèlerins ne se sont pas déplacés. La maladie a forcé le sanctuaire à innover dans de nombreux domaines. Mais rien n’empêchera le fait de venir à Lourdes. On ne fait pas un pèlerinage dans son canapé. Il ne s’agit pas uniquement de vivre virtuellement ce qu’on peut vivre physiquement" explique Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, recteur du sanctuaire de Lourdes, pour qui il est aujourd’hui temps de revenir au sanctuaire.
"Le pèlerinage en lui-même est quelque chose de très particulier. Quand on part en pèlerinage, on commence par quitter. On quitte des habitudes, une région, des personnes, on quitte les fruits auxquels on s’attend. On se met en route, on marche. La situation du chrétien est de marcher à la suite du Christ et on arrive au terme, à la grotte. On ne peut pas faire l’économie de ces trois étapes" ajoute le recteur du sanctuaire.
"Lourdes, c’est un esprit, l’esprit de la rencontre entre Marie et Bernadette. S’il y a la présence des malades, c’est car il y a eu très tôt des guérisons à Lourdes. Il y a aussi le binôme entre les hospitaliers et les malades, emprunts de la délicatesse de Marie pour Bernadette. Ce qui se vit à Lourdes ne peut pas se vivre uniquement en-dehors de Lourdes. C’est tout un esprit fait de fraternité, de la dignité du plus pauvre, d’un regard plein de tendresse, de compassion, de la rencontre entre les cultures, les générations" lance-t-il.
Cette crise sanitaire interroge la société sur la place que l’on donne aux malades, aux personnes vulnérables. On réalise quelles sont les limites de l’homme. Une situation qui résonne particulièrement dans le sanctuaire de Lourdes. "La crise que nous traversons nous remet dans la question du sens : de la vie, de l’homme, de l’être humain, de la dignité. Lourdes a une réponse très forte. La grandeur de la vie d’une personne ne se mesure pas à sa beauté physique, ni à son intelligence, mais à la dignité intrinsèque qu’elle a en elle-même" estime le recteur du sanctuaire.
La crise du Covid-19 a plongé le sanctuaire de Lourdes dans une situation économique très compliquée. Le déficit attendu pour cette année est estimé à huit millions d’euros. "Lourdes n’est pas une entreprise économique à but lucratif. Lourdes a une mission spirituelle, c’est la seule chose qui compte. Nous avons besoin de moyens pour vivre. La générosité des fidèles n’a jamais fait défaut à Lourdes" rappelle Mgr Ribadeau-Dumas.
"Je ne suis pas inquiet car Lourdes n'est pas un parc d'attraction. C'est une réalité spirituelle. Lourdes vivra toujours. Lourdes se transforme car cela a toujours été le cas. Et ça le sera encore. Je suis soucieux parce qu'aujourd'hui il faut vraiment que les gens aient à l'esprit que l'on ne peut pas rester uniquement chez soi. Le digital a beaucoup d'avantages, mais même si Lourdes doit se vivre en-dehors de Lourdes. il faut que les gens puissent revenir" conclut-il.
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