Avant que la pandémie ne se déclare, la France souffrait de certains maux, je cite, parmi d’autres, la situation des EHPAD et celle des hôpitaux publics. Malaises divers, manifestations, grèves, rapports, etc., soulignaient nombre de dysfonctionnements. Il n’aurait pas dû être nécessaire que survienne un coronavirus pour que ces problèmes s’imposent comme devant être pris en considération. Désormais, on ne peut faire comme si le pays, chaque citoyen n’était pas concerné. J’aime à dire que la vieillesse n’est pas une maladie ; être vieux n’est pas une tare ; or, le fait que bien des personnes âgées, lorsqu’elles ont besoin d’être accompagnées, soient « placées » en institution ; et ceci « médicalise » leur vie. On devient un malade avant d’être une personne. Les incapacités prennent le devant plutôt que les capacités, qui, pourtant, demeurent en partie. Leur horizon, c’est une chambre et c’est un lit ; et le confinement a généralisé cette pratique : la protection et la règle l’emportent sur toute autre considération. Mesurons que l’EHPAD, car c’est le modèle qui est le plus souvent proposé, ce n’est pas uniquement pour nos parents, c’est aussi pour nous. Qui en a un quelconque désir ?
Alors que l’on nous dit, et les faits le manifestent, que l’hospitalisation sera de plus en plus brève, pour le temps de gestes courts et techniques, l’EHPAD est sans espoir de sortie, ou bien on sait comment… Il y a bien entendu des moments où la vie à la maison n’est plus possible, pour soi, pour ce que cela impose à l’entourage. Pour autant, s’agit-il d’intégrer un hôpital ? Ou bien de trouver une autre « maison » ? Une maison adaptée à l’âge et aux capacités. Mais on a rarement vu des maisons qui comptent « 80 lits » ! Sans vouloir être blessant, je note l’ironie, sans doute peu réfléchie mais volontaire qui a conduit à nommer « Le village » l’EHPAD d’un centre hospitalier du centre-ouest de la France : ce « village » compte, non pas 80 mais 300 lits ! C’est bien un système, un projet qui est à repenser. D’autres existent. En France, je ne sais pas… nous aimons à tout régenter et il faut que tout rentre dans des normes ; la sécurité en vient à l’emporter sur la liberté. D’autres pays ont développé d’autres lieux pour les derniers temps de sa vie. On y est chez soi, et non pas dans une institution. On dit que l’après sera différent de l’avant ; si cela pouvait l’être pour les dernières années de notre vie. Nous sommes tous concernés ; à nous de le vouloir.
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