L'ancien numéro 2 de la police judiciaire de Lyon a tout connu dans sa carrière : les louanges professionnelles de sa hiérarchie et de ses équipes pour le résultat de ses enquêtes et de ses arrestations, mais aussi la prison après sa condamnation pour corruption en 2016. Aujourd'hui libre, l'ancien commissaire de police se livre au micro de RCF Lyon.
Il a exercé pendant 35 ans le métier dont il rêvait gamin, mais ne plus aujourd'hui l'exercer. Professionnellement, Michel Neyret aura connu le meilleur comme le pire, la Légion d'honneur et la prison.
A force d'enquêtes et d'arrestations, que l’ancien n°2 de la police judiciaire de Lyon mènera à la tête de la BRI (Brigade de recherche et d'intervention) entre 1983 et 2004, Michel Neyret va peu à peu se forger une réputation au sein de la police et susciter l'admiration de ses pairs. Mais le 29 septembre 2011, la chute est vertigineuse : Michel Neyret, alors devenu directeur adjoint de la Direction interrégionale de police judiciaire de Lyon, est arrêté après plusieurs mois d’écoute judiciaire. Il lui est reproché d’entretenir des relations ambigües avec plusieurs de ses informateurs, Stéphane Alzraa et Gilles Bénichou, qu'il considérait comme des amis et dont il acceptait les cadeaux sans trop s'interroger.
En 2018, la Cour d'Appel de Paris estime que Michel Neyret a franchi la ligne rouge de l’illégalité et le condamne à quatre ans de prison dont 18 mois avec sursis pour violation du secret professionnel, corruption et association de malfaiteurs. Une peine jugée lourde selon l'ancien commissaire de police :
Au regard de ce que j'ai apporté à la société, j'ai considéré que c'était une peine infamante et très très dure. Le seul indice de satisfaction est que l'absence d'amende [dans la condamnation] montre que mon aspect corruptif n'est pas aussi évident que ce que la presse a bien voulu dire.
La condamnation de Michel Neyret pose surtout la question de la relation entre policier et informateur. Avec le recul, Michel Neyret a sans doute basculé dans une forme d'hubris, de démesure, comme il le confesse aujourd'hui :
Je me sentais dans une toute-puissance puisque j'avais quand même une certaine reconnaissance de l'autorité judiciaire et policière, ma carrière parlait pour moi, je me suis laissé peut-être un peu grisé par ce sentiment de toute-puissance et je pensais pouvoir manœuvrer à mes manières sur ces faits-là.
Aujourd’hui, Michel Neyret est libre, il a purgé sa peine : huit mois de prison en détention préventive puis un aménagement de peine sous bracelet électronique. Il n’a plus le droit d’exercer son métier de policier et il assiste sa femme dans la gestion de l’hôtel dont elle est propriétaire, l’hôtel trois étoiles de La Gabetière à Estrablin, près de Vienne, dans le Nord-Isère. Le lieu de son arrestation, mais aussi le lieu où il vit aujourd'hui, à 66 ans, sa nouvelle vie.
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