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Migrants : pour le père Philippe Demeestère, "il y a un mensonge d'État en France"

Migrants : pour le père Philippe Demeestère, "il y a un mensonge d'État en France"

Un article rédigé par Simon Marty - RCF,  -  Modifié le 17 juillet 2023

Une vingtaine de migrants sont morts mercredi 24 novembre dernier à Calais en tentant de rejoindre, en bateau de fortune, les côtes anglaises. Depuis plusieurs mois, le père Philippe Demeestère, aumônier du Secours catholique du Pas-de-Calais, se bat pour ces gens. Rencontre.

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"Le bal des hypocrites"

Pendant près de trois semaines, le père Philippe Demeestère a mené une grève de la faim pour tenter de dénoncer les conditions inhumaines des migrants à Calais. Mercredi 24 novembre dernier, 27 migrants ont naufragé au large des côtes françaises, en tentant de rejoindre l’Angleterre. "C’est étonnant que cela ne se soit pas produit plus tôt. Et c’est assez insupportable d’assister à ces tirs de barrages verbaux qui tentent de faire porter tout le poids de cette tragédie aux passeurs. C’est le bal des hypocrites. Cette question d’immigration est emportée par des discussions de boutiquiers en marge des élections, où l’être humain n’a pas sa place" explique-t-il sur RCF, en colère.


Pour l’aumônier du Secours catholique, la question migratoire en France se limite au fait d’agiter des chiffons rouges. "Du côté des Erythréens, beaucoup ont vécu en Allemagne, ont travaillé en Allemagne, ont eu des enfants en Allemagne, pour finalement se faire débouter. Ces personnes arrivent en France. Leur seul espoir est de pouvoir passer en Angleterre où ils seront pris dans le règlement Dublin. Ils ne veulent plus se laisser promener des mois entiers sans échéance précise, sans que dès le départ, on ne leur dise qu’ils ne sont pas désirés en France. Il y a un mensonge d’Etat lorsque l’on parle d’accueil et de fermeté" ajoute-t-il.

 

La politique de l'autruche

Pour la majorité des Français, la réalité migratoire à Calais est une question imperceptible. "La réalité, c’est qu’ils participent d’une condition commune avec les sans-abris. Ils n’ont pas de place parmi nous. Il s’agit bien de les harceler pour qu’ils aillent ailleurs. Tout est fait pour leur enlever, ou leur rendre difficile ce minimum qui leur assure non pas une vie, mais une survie" lance le père Philippe Demeestère, dénonçant une situation inacceptable.


Ce dernier rappelle que ce n’est pas en deux heures, sur le coin d’une table, que l’on règlera la situation migratoire à Calais. Le père Philippe Demeestère plaide aujourd’hui pour réunir tous les acteurs du Calaisis, "prendre huit jours à l’écart de la presse, s’envoyer tous les noms d’oiseaux que l’on peut s’envoyer, et prendre en compte enfin cette réalité". "C’est important aujourd’hui de ne pas être dans une politique de démission ou de l’autruche. C’est comme pour les changements climatiques" estime-t-il.
 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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