Le 26 novembre 2021, à l’invitation de Monseigneur Jean-Luc Garin, évêque du diocèse de Saint-Claude, et de la cellule d’accueil et d’écoute, Daniel Pittet a animé deux rencontres-conférences dans le Jura. Les auditeurs, nombreux, ont écouté et interrogé ce « survivant » d’un moine pédophile du couvent de Fribourg.
« J’ai eu la chance de pardonner mon agresseur » affirme d’une voix haute Daniel Pittet. Bibliothécaire à Fribourg en Suisse, père de six enfants, il a été violé à de multiples reprises par un moine capucin pendant quatre ans, de 1968 à 1972. Entre ses 9 et 13 ans, le garçon candide, membre d’une famille pauvre, est la proie, « le jouet d’un religieux manipulateur et sadique ». La salle est effrayée, l’ambiance est tendue… Après plus de 20 ans de psychothérapie, Daniel Pittet a décidé de raconter son histoire dans un livre « Mon père, je vous pardonne – Survivre à une enfance brisée ». Un ouvrage paru en 2017 et préfacé par le pape François.
Dans sa préface, le souverain pontife remercie « Daniel, car des témoignages comme le sien font sauter la chape de plomb qui étouffait les scandales et les souffrances. Ils font la lumière sur une terrible obscurité dans la vie de l’Eglise ». Selon Daniel Pittet, plus de 150 enfants auraient été violés par le prêtre, aujourd’hui suspendu de tout ministère et reclus dans un monastère en Suisse. En 2012, il a été condamné par le tribunal correctionnel de Grenoble à une peine de deux ans de prison avec sursis pour des faits commis en France entre 1992 et 1995. Depuis la parution du livre, Daniel Pittet veut porter la voix des victimes de violences sexuelles commises dans l’Eglise catholique. Toujours engagé auprès de l’institution qui ne l’a pas protégée, il a aussi pardonné à son agresseur, le laissant même écrire un chapitre dans son ouvrage.
Près de 50 ans après les faits, Daniel Pittet a échangé avec son violeur. Les termes sont crus, les explications absentes… « T’avais l’air assez content. Tu me n’as jamais dit non ! » déclare le moine. Des propos qui ont fait réfléchir le Fribourgeois. Il est allé interroger une vingtaine d’autres agresseurs condamnés. Même remarque. « Les enfants n’ont jamais dit non ! Ils avaient même du plaisir ». Silencieux, abasourdi, Daniel Pittet s’est renseigné auprès de psychiatres et a décidé de lancer une carte pour tous les enfants suisses. De la taille d’une carte bancaire, on trouve sur la face un grand NON en lettres noires et rouges. Et sur le verso, des numéros d’urgence. Un dispositif simple « qui ne coûte rien » d’après son concepteur. « Les pédophiles sont des peureux, des manipulateurs. Jamais ils ne vont enfreindre le non. Ils ne peuvent pas. » Daniel Pittet souhaite étendre cette carte à la France et à l’Allemagne.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !