Le 29 février 2024 à Paris s’ouvre le procès de l’attentat de Strasbourg. Jusqu'au 5 avril 2024, cinq accusés vont passer devant la cour d’assises spéciale pour répondre de leur implication dans le meurtre des cinq personnes et des onze blessés du 11 décembre 2018.
C’était le 11 décembre 2018. Au cœur du marché de Noël, le terroriste Chérif Chekatt ôtait la vie de cinq personnes et faisait onze blessés. Après deux jours d’incertitude et de crainte, il est abattu par les forces de l’ordre. La revendication de l’attentat au nom de l'Etat islamique est confirmée dans une vidéo retrouvée au domicile du meurtrier. Son radicalisme religieux est aussi conforté par l’une des victimes qu’il va prendre en otage : un chauffeur de taxi du nom de Mostafa Salhane.
Ce jour-là, Mostafa Salhane est interpellé entre deux courses par Chérif Chekatt, que le hasard a mis sur son chemin. Vite pris en otage, le chauffeur doit l’extraire du centre-ville et l’emmener vers le quartier du Neudorf. A quelques semaines du procès, Mostafa Salhane sort un livre aux éditions Plon, ‘15 minutes pour sauver ma vie’. Co-écrit avec le journaliste Frédéric Ploquin, il revient seconde par seconde sur cette ‘rencontre’ qui va bouleverser sa vie. Si dans un premier temps, l’écriture sert d’exutoire pour faire face à un stress post-traumatique aigu, très vite, il prend conscience de la nécessité de partager ses textes. Comme une forme de résistance face au terrorisme, "pour trouver la force (...) sur le plan de la reconstruction mais aussi pour défendre nos valeurs"
Cette sortie correspond aussi à la volonté de s’opposer farouchement aux motivations du terroriste. Tuer au nom d’une religion ne fait pas partie des valeurs de l’Islam.
Ce n'est pas Dieu qui demande que l'on tue en son nom. Ces gens-là sont déconnectés de la réalité, de toute religion et de toute culture. Ils ont un cerveau endoctriné par une religion qui n'existe pas.
Quant à Dieu, il est encore plus présent dans le cœur de Mostafa Salhane. Il ne l’a jamais quitté, même durant ces quinze longues minutes.
Pour se reconstruire, en plus de l’écriture, Mostafa Salhane a fondé l’association AVA. Constituée partie civile du procès, l’association s’est fixé plusieurs objectifs. En plus du devoir de mémoire, il y a la défense des victimes dans leur reconnaissance et dans leur réparation. Une mission qui n’est pas anodine tant Mostafa Salhane a pu souffrir de l’absence de prise en charge les heures et les jours qui ont suivi l’attentat, mais aussi du manque de reconnaissance, lui qui a perdu l’entreprise qu’il avait montée en parallèle de son activité de chauffeur de taxi. Le procès s’avère donc être une étape décisive pour avancer et tenter de retrouver un cheminement de vie auquel se rattacher.
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