L'élue socialiste a connu un parcours politique express : née au Maroc, débarquée en France à l'âge de 5 ans, Najat Vallaud-Belkacem commence sa carrière politique à Lyon auprès de Gérard Collomb. Une ascension qui l'emmènera jusqu'au gouvernement, dont elle fera partie pendant tout le quinquennat de François Hollande (2012-2017). Récit d'une histoire de la méritocratie républicaine.
Que ce soit dans son couple, dans son parcours ou dans la construction de son identité, Najat Vallaud-Belkacem aime mélanger différentes cultures, « une vraie richesse » estime-t-elle.
En mai 2012, qu'il paraît loin le petit village natal de Beni Chiker dans le Rif marocain, quand cette jeune femme de 35 ans entre au gouvernement comme ministre des Droits des femmes, l'un « des plus beaux jours » de sa vie. Aujourd'hui, Najat Vallaud-Belkacem a 45 ans et garde une jambe dans le monde politique comme élue : depuis les élections régionales de 2021, elle est présidente du groupe d'opposition socialiste au Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes. Professionnellement, elle est devenue directrice générale de l’ONG One qui lutte contre la pauvreté à travers le monde et particulièrement en Afrique. Elle est également présidente de France Terre d’Asile.
Raconter la vie de Najat Vallaud-Belkacem, c'est raconter une ascension express, des échelons politiques gravis quatre à quatre depuis Lyon jusqu'à l'Hôtel de Rochechouart rue de Grenelle à Paris, adresse du ministère de l'Education nationale. Elle sera la première femme à y être nommée en 2014.
La peur du Front national comme déclic
Le déclic politique a lieu le 21 avril 2002, avec l'accession surprise de Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle. Najat Vallaud-Belkacem connaît le Front national : c'est bien le seul parti évoqué dans les conversations familiales en raison de l'inquiétude qu'il fait germer chez les Belkacem. Pendant son enfance et adolescence passées dans les quartiers Nord d'Amiens, Najat Belkacem trouve sur le chemin de l'école des tracts du Front national lui « expliquant comment les Arabes sont des voleurs de poule, avec des jeans troués et sales ».
Alors, dans la foulée de la présidentielle de 2002, elle s'engage au Parti socialiste, se voit suggérer par une ancienne camarade de promotion à Sciences Po Paris (Caroline Rougé) de poser une candidature auprès de son mari, le nouveau maire de Lyon, un certain Gérard Collomb.
C'est ainsi que Najat Vallaud-Belkacem arrive dans la capitale des Gaules et effectue ses premiers pas dans le monde politique, en intégrant le cabinet du maire socialiste, dont elle admire encore aujourd'hui « la détermination et la ténacité ». Il l'intègre dans son exécutif lors de son second mandat : en 2008, Najat Vallaud-Belkacem deviendra adjointe au maire de Lyon en charge des grands événements, de la jeunesse et de la vie associative.
Un an auparavant, Gérard Collomb lui avait présenté Ségolène Royal, dont elle devient l'une des porte-parole lors de l'élection présidentielle de 2007, elle n'a que 30 ans et en garde l’impression d’être « jetée dans le grand bain sans savoir nager ». Rebelote cinq ans plus tard, le même poste de porte-parole en campagne présidentielle auprès du candidat socialiste, mais cette fois-ci, François Hollande va gagner le scrutin. Membre du gouvernement de manière ininterrompue pendant tout le quinquennat, à des postes exposés, Najat Vallaud-Belkacem sera la cible de nombreuses fake news à son endroit, qu'elle combat en utilisant l'humour, une arme efficace d'après elle, trouvée à force d'avoir essayé toutes les autres.
La lecture comme révélation
Le destin politique de Najat Vallaud-Belkacem était loin d'être écrit d'avance. Ce qui lui a ouvert le champ des possibles depuis les barres de béton des quartiers Nord d'Amiens ? La lecture.
La lecture m’a sauvée. Lire des histoires de gens qui sont très bas mais qui arrivent haut, vous construit intérieurement avec des modèles que vous n’avez pas autour de vous. Je pense sincèrement que la plus belle des choses qui puissent arriver à un enfant est de se perdre dans ces ailleurs qu’offre la littérature, avec une variété de profils d’histoires, de récits et de messages qui n’existent nulle part ailleurs que dans les livres.
Aspect méconnu de la personnalité politique, Najat Vallaud-Belkacem est aussi une fan invétérée de Jean-Jacques Goldman.
Il n’y a pas un seul texte qui soit vain chez Jean-Jacques Goldman. Quand j'écoute ses chansons, j’ai plus l’impression d’avoir affaire à un sociologue, à quelqu’un qui me parle de la société. En fait, ses chansons ont quelque chose de très politique.
Dans tous les aspects de sa vie, la vie de Najat Vallaud-Belkacem reste une histoire politique française.
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