« Les visites des familles seront désormais interdites dans les Ehpad de la ville ». La nouvelle a sonné comme un couperet le 10 septembre dernier, venant du Maire d’une grande métropole, qui reconnaît là une mesure difficile et impopulaire. Hélas, d’autres autorités politiques, administratives, médicales emboîtent le pas un peu partout au fur et à mesure que le virus reprend sa progression.
L’intention est compréhensible, protéger la vie des seniors, que l’on sait particulièrement vulnérables au coronavirus. Mais ce qui est moins compréhensible, c’est que l’on ne tire pas les enseignements du confinement du printemps dernier, pas plus que de la crise dans les Ehpad. C’est la psychologue Marie de Hennezel qui le rappelle vivement sur France Info : « On ne peut pas protéger la vie biologique des personnes âgées au détriment de leur vie affective, sociale, démocratique » - dit-elle. Monique, 87 ans, en témoigne douloureusement : j’avais l’impression de vivre seule sur cette terre – dit-elle - je n’aurais jamais pensé en souffrir autant. J’ai besoin de rencontres ».
Cette souffrance peut-être tellement forte qu’elle peut conduire à la mort : « dans mon Ehpad, nous avons vu quatre personnes glisser lentement vers la mort, - m’a confié une religieuse croisée dans la rue - parce qu’elles ne rencontraient plus personne, -dit-elle tristement- plus de famille, plus de bénévoles. Seulement des personnels, bienveillants, mais débordés. C’est la solitude qui les a tuées, pas le virus ».
Face à ce terrible constat, comment faire ? On peut comprendre qu’en mars dernier, nous étions pris de court : les établissements n’avaient pas les moyens de se protéger. « Mais ne recommençons pas ce qui s’est passé ! » insiste Marie de Hennezel, qui en appelle à une concertation avec les personnes âgées et les familles ; que celles qui le peuvent et le veulent puissent visiter leur proche, contribuer à ses soins, aux repas, en prenant toutes les mesures de précautions. « Il y en a qui ne se pardonnent pas de ne pas avoir forcé la porte de l’Ehpad » dit-elle. Ils savent à quel point leurs parents peuvent se laisser mourir de chagrin, de solitude, quand ils sont coupés de ce qui leur donne vie.
Jésus ne dit pas autre chose en Saint Luc : « l’homme ne vit pas seulement de pain » ! Alors, ne nous laissons pas guider par la peur, et soyons collectivement créatifs pour trouver ensemble comment répondre à cette faim de relation de nos aînés ! Nous nous en porterons tous mieux, car cette faim, elle est en chacun !
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