Don de soi, courage face à la mort et à la souffrance. Nicolas Zeller est colonel, et médecin dans les forces spéciales. Durant plusieurs années, il a œuvré aux côtés des soldats du 13ème RDP, sur de nombreux théâtres d’opérations. Une vie qu’il raconte dans "Corps et Âme", publié aux éditions Tallandier.
Nicolas Zeller relate plusieurs des opérations militaires auxquelles il a participé en tant que médecin. Engagé aux côtés des forces spéciales, le 13ème Régiment de Dragons Parachutistes, Nicolas Zeller s’interroge également sur plusieurs questions autour de la Défense, notamment le lien armée-nation dont on parle depuis plusieurs années. "Si l’on comprend bien le lien entre l’armée et la nation qu’elle défend, il existe en réalité des flux et des liaisons permanentes entre ces deux systèmes. Il semble qu’aujourd’hui il puisse y avoir une sorte d’ambiguïté entre ces deux corps. L’armée est une émanation de la nation et finalement elle est là pour défendre la patrie" explique-t-il au micro de RCF.
Dans son livre, le colonel Nicolas Zeller revient également sur la notion de sacrifice. En tant que médecin, qui plus est dans une unité des forces spéciales, cette notion est omniprésente. Mais qu’en est-il pour le reste de la société ? "Dès lors qu’on a compris que vivre c’est se savoir mortel, on peut renverser cette question. En réalité, c’est la question du don de la vie, d’un vivant. Et finalement de sa mort en vivant. Je trouve cela plus porteur. C’est plutôt une histoire de vie qu’une histoire de mort. Quand un soldat meurt pour la France, il offre sa vie. Et c’est quelque chose de totalement gratuit" ajoute-t-il. Pour Nicolas Zeller, un soldat ne meurt jamais en victime. "Victime, c’est quelque chose de subi. Le soldat lui, il fait un choix. Un choix de vie. Pas un choix de mort. Cette vie, il l’offre. Et c’est en cela qu’il n’est pas une victime".
De fait, derrière cela se cache la notion de gratuité, de service et de don. Des valeurs portées par les militaires français. "Quand on s’engage dans l’armée, on se met au service d’une cause et d’une autorité supérieure. Dans cette logique-là, on donne sa vie. En réalité, on ne se sert pas. A partir de là, tout ce que l’on vit est gratuit dans un monde où tout se monnaye, tout se rétribue. Le militaire fait cela gratuitement" lance-t-il.
Avec son regard de soldat et de médecin, Nicolas Zeller porte un regard à la fois tendre et critique envers les jeunes qui s’engagent aujourd’hui sous les drapeaux. L’hyperconnexion, la réaction face à l’ennui, le sport pratiqué de manière presque excessive… Tout cela est pour lui symptomatique de la société d’où viennent ces jeunes engagés. "Le soldat est un jeune d’aujourd’hui. Il ne faut pas s’étonner qu’il y ait une culture de la performance, qu’elle soit physique, intellectuelle, ou technique, qui le pousse à vouloir le meilleur en oubliant qu’il y a en lui une part de vulnérabilité qui sera compensée par les forces de son camarade" explique-t-il, ajoutant que "le soldat d’aujourd’hui vit avec des modèles plus éphémères que ce qui peut nous porter toute une vie au service de notre pays".
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !