Un an avant la réouverture de Notre-Dame, Emmanuel Macron se rendra ce vendredi sur le chantier de la cathédrale de Paris. Depuis l'incendie, le 15 avril 2019, on assiste à une restauration historique du monument. Plus de 500 compagnons du devoir, des charpentiers, des tailleurs de pierres, des maitres verriers, des facteurs d’orgues travaillent dans l’édifice, de la nef à la flèche pour tenir la promesse de rendre Notre-Dame au culte et à la visite le 8 décembre 2024. Un défi en passe d’être réussi. Mathieu Lours, historien de l'architecture dévoile les coulisses de ce monument pharaonique.
Des flammes, des cendres d'abord... puis des échafaudages, du bois, des pierres, du verre et du fer pour que désormais se hisse dans le ciel de Paris la flèche et la croix en son sommet. Notre-Dame ressuscite plus belle que jamais. L’incendie a paradoxalement été providentielle pour la cathédrale de Paris explique Mathieu Lours, historien de l'architecture: "Cet incendie est évidemment un drame, mais il a permis une connaissance de Notre-Dame vraiment renouvelée." Il faut dire qu’on connaissait mal l’édifice, tout le temps ouvert à la visite et aux célébrations. "Désormais on la connait des pieds à la tête précise le spécialiste des cathédrales, de l'histoire des religions et du patrimoine religieux. On va avoir une restauration complète qui malheureusement n’aurait pas été possible sans le désastre de l’incendie."
Cet incendie est évidemment un drame, mais il a permis une connaissance de Notre-Dame vraiment renouvelée
On redécouvre Notre-Dame aujourd’hui. Mathieu Lours développe : "D’une part il y a l’accompagnement scientifique du chantier qui a été opéré avec le CNRS qui a permis de redécouvrir ce qui était l’essence matériel et immatériel de cette cathédrale. Ensuite, on a les retours d’expérience des artisans d’excellence qui ont travaillé les matériaux et ont fait progresser notre connaissance sur la manière dont ils sont mis en œuvre."
C’est un chantier historique parce qu’il reprend les méthodes des bâtisseurs de cathédrales explique Mathieu Lours : "On a un pilotage par un maitre d’ouvrage, un financement, une exécution, une réception. Les étapes sont rigoureusement les mêmes. En revanche, la différence c’est qu’on ne construit pas, on restaure. Ce n’est pas exactement les mêmes enjeux. Au Moyen-Age quand on restaurait, généralement on modifiait. La restauration à l’identique comme pour Notre-Dame, c’est la manière de faire du XXIème siècle."
La restauration à l’identique comme pour Notre-Dame, c’est la manière de faire du XXIème siècle.
Lors de sa visite à Notre-Dame, le président de la République pourrait annoncer la création de vitraux contemporains commémorant l’incendie et aussi la création d’un musée consacré à la cathédrale de Paris. La demande lui a été formulée par l’archevêque de Paris Mgr Laurent Ulrich. C’est essentiel selon Mathieu Lours, parce que "Notre-Dame de Paris c’est une cathédrale record. Elle a été conçue pour être la plus grande, elle a été dépassée mais en 1163 c’était la plus grande." Et elle possède encore quelques éléments records : les rosaces du transept qui mesurent 13,5 mètres de diamètre. On a aussi du point de vue spirituel les reliques de la passion : la couronne d’épine, le bois de la croix et le clou vénérés par les fidèles.
Notre-Dame de Paris c’est une cathédrale record. Elle a été conçue pour être la plus grande
Un musée permettrait de valoriser tout cela. Pas seulement pour montre les trésors, les objets précieux mais aussi le trésor que représente la cathédrale en elle-même qui est une référence immatérielle pour ce qu’elle représente pour les français. Pour Mathieu Lours, ce musée doit être un musée d’envergure, ouvert qui ne soit pas seulement une collection d’objet.
Comme spécialiste des cathédrales Mathieu Lours témoigne de son émotion de voir Notre-Dame renaitre, et réapparaitre dans le ciel de Paris : "Moi ce qui m'a marqué le plus c'est quand je suis rentré dans Notre-Dame deux semaines après l’incendie, sur les poutres calcinées, ce mélange d’odeurs de suif, cette lumière blafarde qui rentrait par les trous de la voute. Ce moment où le monument est métamorphosé et ensuite toutes les métamorphoses successives. Le moment où elle est devenue une cathédrale de bois avec les étais, puis une cathédrale de métal avec les échafaudages, et maintenant elle redevient une cathédrale de pierres, de verre… On a l’impression d’assister à une métamorphose réparatrice après la catastrophe. Comme historiens, c’est quelque chose qu’on touchait comme objet d’étude, et là on est en train de le vivre."
On a l’impression d’assister à une métamorphose réparatrice après la catastrophe
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