"Nous n'investissons pas assez sur la question de l'eau", Joël Mathurin, préfet du Puy-de-Dôme

Il est ingénieur général des ponts, des eaux et des forêts de formation. Diplômé de l'Institut national agronomique, le préfet du Puy-de-Dôme Joël Mathurin était l'invité de RCF ce vendredi 21 mars, veille de la Journée internationale de l'eau. 

Le représentant de l'Etat s'est d'abord réjoui d'une Conférence départementale de l'eau, tenue en octobre 2024, qu'il juge aboutie : "On a partagé le fait que l'eau est un patrimoine commun et que ses différents usages doivent pouvoir trouver les moyens de la résilience. La question de la sobriété se pose à tous : industriels, agriculteurs, consommateurs et élus. Les questions d'innovation et de réflexion en commun sur la ressource et le stockage sont aussi nécessaires", partage le préfet.

"La mise en place d'un Observatoire départemental de l'eau, dans lequel nous allons à la fois ensemble mutualiser le travail des études actuellement lancées sur le stockage de l'eau, et apporter des réponses dans une réflexion sur les pactes territoriaux sur l'eau",  rappelle également Joël Mathurin. 

Des réticences observées dans l'est du Puy-de-Dôme

Face à ces défis, les élus sont-ils prêts à jouer le jeu ? "Ça se passe très bien autour de la métropole, nous avons à peu près 420.000 habitants sur 676.000 qui vont bénéficier d'un principe d'interconnexion. Nous avons un pacte territorial exemplaire sur le bassin de Volvic", expose-t-il. 

En revanche, Joël Mathurin reconnaît que tout n'est pas encore acquis, notamment dans l'est du département :"Sur l'Ambertois et le Livradois-Forez, je continue encore à travailler. Il y a encore des efforts de conviction à faire. [...] J'insiste là-dessus, nous ne sommes pas encore dans une gouvernance concertée de l'eau que j'appelle de mes vœux". 

J'insiste là-dessus, nous ne sommes pas encore dans une gouvernance concertée de l'eau que j'appelle de mes vœux

Pour lutter face aux conséquences du réchauffement climatique, le préfet mise sur l'intercommunalité pour mettre en place des mécanismes de solidarité sur la question du partage de l'eau. 

"Nous n'investissons pas assez"

Le préfet du Puy-de-Dôme appelle également à un prix de l'eau à la hauteur des investissements nécessaires à sa préservation et son économisation. "Je le dis très clairement : nous n'investissons pas assez. Par exemple, nous avons 30% de fuite sur nos réseaux. [...] Si l'eau coûte trop peu cher, nous ne serons ni dans la sobriété, ni dans l'innovation, ni dans la ressource", affirme le haut fonctionnaire. 

Au sujet de la sobriété, l'ancien préfet du Puy-de-Dôme, Philippe Chopin, avait annoncé la prise d'un arrêté préfectoral afin de demander aux entreprises les plus consommatrices en eau à s'engager dans un Plan d'utilisation rationnel de l'eau. "Nous sommes allés plus loin. Notamment dans une dynamique régionale, puisque nous avons mis en place un plan de sobriété de l'eau qui concerne les entreprises qui consomment plus de 10.000 mètres cube. Donc cela concerne plus d'entreprises que les trente concernées initialement", souligne Joël Mathurin.

Je le dis très clairement : nous n'investissons pas assez. Par exemple, nous avons 30% de fuite sur nos réseaux.

À charge de chaque entreprise en question, parmi lesquelles la Société des Eaux de Volvic, de mettre en place leur plan de sobriété hydrique. Les services de la préfecture procèdent ensuite à des contrôles pour vérifier que celles-ci sont conformes à la règlementation. "Je vais prendre dans les prochains jours des décisions qui réduiront les autorisations de prélèvement, et qui vont s'accompagner de démarches d'innovation par l'entreprise. Nous y travaillons avec eux", prévient le préfet.

Enfin, sur la sensible thématique du stockage de l'eau, le préfet prône des solutions de stockage commun. "Des projets uniquement pour l'agriculture, ce n'est pas la solution. [...] Il faut accélérer le travail pour des solutions en commun sur le stockage multi-usages", explique Joël Mathurin.  

Dans les prochains jours, le préfet du Puy-de-Dôme présentera dans les prochains jours le 12ème programme de l'Agence de l'eau mis à la disposition des décideurs.