Dans la campagne des élections européennes en France, les candidats ont paradoxalement peu parlé d'Europe. Quels sont les enseignements de cette élection ailleurs en Europe ? Que pourra faire le nouveau Parlement ? Patrick Martin-Genier, enseignant à Sciences Po et à l’INALCO se prononce sur l'avenir du Parlement européen.
“31 sièges pour le RN, c'est véritablement une catastrophe pour la majorité présidentielle”, estime Patrick Martin-Genier. “Avec cette dissolution de l'Assemblée nationale, on s'aperçoit que ces élections européennes constituent désormais un enjeu national considérable.”
En Italie, en Autriche et en Allemagne, l'extrême droite est en tête des résultats, comme en France. Dans les autres pays européens, les résultats semblent plus disparates.
Au Parlement européen, “Les extrêmes droites devraient avoir, entre les réformistes conservateurs de Mme Meloni et l'extrême droite de Mme Le Pen, environ 130 sièges. Si on rajoute ceux de Viktor Orbán, ils auront approximativement 160 sièges, ce qui est loin de faire une majorité. Finalement, les partis majoritaires resteront les parties classiques : la droite démocrate chrétienne et le Parti socialiste.”, explique Patrick Martin-Genier. Selon lui, il y a peu de changement car “les extrêmes droites sont divisées”.
En France, c'est un coup de tonnerre politique, mais finalement, au Parlement européen, il y a assez peu de changements parce que, les extrêmes droites sont divisées. Elles auront manifestement un pouvoir de nuisance.
Pour Patrick Martin-Genier, Jordan Bardella et ses nombreux eurodéputés vont rencontrer des difficultés à s'allier avec ceux de Giorgia Meloni. “La droite Conservatrice et réformistes de Mme Meloni, qui semble un peu plus modérée que la droite Identité et démocratie de Mme Le Pen, va être courtisée”, par les autres extrêmes droites, mais aussi par la droite classique, estime-t-il. Une certitude s’impose selon lui : “Ils vont être divisés au Parlement européen et ils ne pourront pas faire un groupe uni qui pourrait constituer une force solide.”.
Comparé aux scrutins des autres pays européens, “on n'est pas dans les mêmes ordres de grandeur”, estime Patrick Martin-Genier. Il prend l’exemple de l’Allemagne : "L'extrême droite est forte, elle fait une percée. Pour autant, quand on regarde les résultats, on est très loin, 31% de Jordan Bardella.” Pour autant, il constate que comme Emmanuel Macron, le pouvoir du chancelier Hall-Alscha, s'est lui-même très affaibli.
Emmanuel Macron tire le constat qu'il est très affaibli sur le plan politique intérieur. Est-ce que l'extrême droite de madame Le Pen peut arriver au pouvoir ? Il semblerait assez improbable qu'elle puisse elle-même avoir une majorité absolue.
Pour Georgia Meloni au contraire, ces élections européennes sonnent comme une confirmation. Pour Patrick Martin-Genier : "C'est une victoire pour Giorgia Meloni qui pourrait effectivement renforcer son rôle au niveau de l'Union européenne”.
L'extrême droite en Italie s'est elle-même installée. C'est inquiétant, mais pour autant, la gauche ne disparaît pas. Il y a d'autres partis politiques qui sont présents, mais incontestablement, oui, c'est une victoire pour Giorgia Meloni, une victoire pour son pays, qui pourrait effectivement renforcer son rôle au niveau de l'Union européenne, notamment dans les futures décisions qui seront prises.
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