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Nouvelle Calédonie, les églises incendiées

Un article rédigé par Zoé Blutel - RCF, le 24 août 2024 - Modifié le 24 août 2024

Cinq églises catholiques brûlées en l'espace d'un mois, c'est le triste bilan des violentes émeutes en Nouvelle-Calédonie. Des actes qui posent question quant aux motivations des émeutiers, alors que l'archipel compte plus de 50% de catholiques.

© Wikipedia© Wikipedia

Difficile de connaitre les raisons de cette violence, dans cette région majoritairement catholique. Entre le 13 juillet et le 15 août dernier, les églises Notre-Dame-de-l’Assomption à l’Île des Pins, Sainte-Anne de Touho, Saint-Louis au Mont-Dore et l’église de Tyé à Poindimié ont été incendiées. Des actes qui restent incompris d’ailleurs par la population néo calédonienne, même du côté des indépendantistes. 

A l’origine des faits, une frange radicalisée des indépendantistes


Un groupuscule ne représentant pas l’ensemble du mouvement indépendantiste, extrêmement radicalisé, serait l’auteur de ces exactions. Selon Jean-François Bodin, directeur adjoint de Radio Rythme Bleu à Nouméa, il s’agirait de jeunes « qui n’ont plus toute leur raison, qui sont alcoolisés et soumis au cannabis, et qui font des actes aujourd’hui irréfléchis ». 
Cette frange radicale serait devenue haineuse pour tout ce qui touche aux symboles de la colonisation. 

Les églises vues comme un souvenir de la colonisation française


Les églises seraient associées au début de la colonisation en Nouvelle Calédonie. Un sentiment qui n’est pas partagé par une grande partie de la population. Les indépendantistes eux-mêmes ont d’ailleurs condamné ces exactions commises. 


Ces actes touchent à des symboles très forts en Nouvelle Calédonie, puisque les églises y sont présentes depuis le XIXe siècle. Seulement elles peuvent rappeler l’arrivée des premiers colons sur l’archipel, qui étaient des missionnaires de la société de Marie menée par Monseigneur Guillaume Douarre. Ce dernier avait insisté auprès de Napoléon III pour prendre possession de la Nouvelle Calédonie avant que les Anglais ne le fassent.

"Mais tout ceci avait été parfaitement compris et assimilé" indique Jean-François Bodin. L’Eglise a en effet par la suite joué un rôle très important dans le développement de la Nouvelle Calédonie et auprès du peuple kanake, notamment à travers l’éducation. 

Dix jours après, les chrétiens continuent de vivre leur foi

Monseigneur Michel-Marie Calvet, archevêque de Nouméa, n’a pas manqué de s’exprimer après l'incendie de l'église de Tyé à Poindimié le 14 août dernier, il a pointé du doigt une reconstitution idéologique de l'Histoire.

Une seule église a été complètement détruite, celle de saint Louis, les quatre autres restent en partie endommagées. Les chrétiens peuvent donc continuer à vivre leur foi dans ces dernières, mais aussi en extérieur dans cette région ou la vie dehors est courante. 

C’est plus une délinquance très agressive plutôt qu’une volonté d’en finir avec la religion en Nouvelle Calédonie.

Seules des églises catholiques ont été brûlées, à l’exception d’un temple bouddhique. Les églises protestantes, elles, n’ont pas été touchées. Etant plus implantées dans le milieu kanake, cela pourrait expliquer que le ressentiment soit plus porté vers les églises catholiques.

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