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Nouvelle-Calédonie : l'état d'urgence décrété suite à des scènes de "guérilla urbaine"

Un article rédigé par Louis Grignard - RCF, le 15 mai 2024 - Modifié le 16 mai 2024

De violentes émeutes secouent la Nouvelle-Calédonie depuis lundi. En cause, un projet de réforme du corps électoral pour les scrutins locaux, qui ravive les profondes tensions entre indépendantistes et loyalistes. L'état d'urgence a été déclaré ce mercredi.

Des commerces incendiés à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, mardi © Delphine Mayeur / Hans LucasDes commerces incendiés à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, mardi © Delphine Mayeur / Hans Lucas

Depuis le lundi 13 mai, la Nouvelle-Calédonie est en proie à d'intenses scènes de violence. Des magasins, des usines et des équipements publics, dont des établissements scolaires, ont été incendiés. Les émeutes ont fait quatre morts et des centaines de blessés, rapporte l'AFP (Agence France-Presse).

Mardi 14 mai, les autorités précisaient que 130 interpellations avaient eu lieu. Ces mêmes autorités parlent désormais d'une situation "quasi insurrectionnelle" et d'une "spirale mortelle".

Journaliste et habitant des environs de Nouméa, le cœur démographique et économique de la Nouvelle-Calédonie, Jean-François Bodin parle de scènes de "guérilla urbaine". "Les bandes de jeunes se livrent à un véritable saccage. Des usines ont été brûlées entièrement, des magasins détruits et pillés. Pas très loin de chez moi, une structure sportive est en feu. Il y a eu des tirs contre les gendarmes" raconte-t-il.

Des barricades de fortune installées pour protéger les quartiers résidentiels © Louis Belotti
Incendies à Nouméa en Nouvelle-Calédonie © Louis Belotti

Quelle réponse à ces troubles ?

Pour tenter d'enrayer les violences survenues depuis lundi soir, le haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie avait instauré un couvre-feu pour la nuit de mardi à mercredi. Il est reconduit pour la nuit prochaine, au moins.

Depuis, les incendies ont continué de se multiplier. Le président de la République, Emmanuel Macron, a donc décrété l'état d'urgence dans l'archipel, après avoir convoqué mercredi un conseil de défense sur la question. Des renforts de police et de gendarmerie ont également été dépêchés sur place, annonce le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. En parallèle, des milices citoyennes armées se sont constituées pour "surveiller" les différents quartiers.

La source du conflit

Cet embrasement de la Nouvelle-Calédonie s'inscrit dans une situation socio-économique très tendue. L'archipel est en proie aux difficultés de la filière d'extraction du nickel, qui occupe une place importante dans l'économie de l'île, rappelle Jean-François Bodin.

Pourtant, ce n'est pas la seule cause de cette situation. Un projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale mardi soir, a ravivé les vieilles tensions entre indépendantistes et loyalistes calédoniens. Il vise à dégeler le corps électoral de l'archipel. Bien que validé par les deux chambres, ce projet de loi doit encore être adopté lors d'un congrès à Versailles prévu dans les prochaines semaines. 

Un socle électoral particulier

Depuis 2007, seules les personnes qui ont résidé en Nouvelle-Calédonie entre 1988 et 1998 (date des accords de Nouméa) peuvent voter lors des scrutins locaux. Historiquement, cette décision visait à permettre une meilleure représentation des populations autochtones. Mais aujourd’hui, cette mesure exclut près de 20 % de la population calédonienne.

Si le Parlement français est favorable à la réforme de cette organisation particulière, qui pourrait, à terme, invalider les prochains scrutins, les indépendantistes s'opposent fermement à tout changement. Pour Jean-François Bodin, ils sont en partie responsables de la violence des troubles qui se déroulent en Nouvelle-Calédonie, car ils ont en quelque sorte "chauffé" la population avec leurs revendications.

Ce mercredi, les principaux partis politiques de Nouvelle-Calédonie, loyalistes comme indépendantistes, ont publié un communiqué indiquant qu'un accord est possible et appellent "l'ensemble de la population au calme et à la raison". Face à la situation dramatique sur place, le haut-commissaire de la République évoque la possibilité de mobiliser l'armée.

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