En 2019, 152 femmes sont mortes, tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, selon les chiffres du collectif "Féminicides par compagnon ou ex". Un chiffre en hausse par rapport à 2018. Cette année, ce sont 87 femmes qui ont perdu la vie. Parallèlement à ces meurtres, il y a les violences conjugales que subissent de nombreuses femmes. C’est à la rencontre de ces dernières qu’est parti le documentariste Olivier Delacroix, pour son émission "Ils font bouger les lignes", diffusée ce mardi à 20 h 50 sur France 5.
"Elles me racontent cette violence qui généralement se déroule en huis clos, qui est souvent silencieuse mais parfois fait du bruit, qu’on entend chez les voisins ou qu’on détecte mais dont on n’a pas le courage de parler", témoigne Olivier Delacroix au sujet des femmes qu'il a rencontrées. "Je voudrais souligner le courage de ces femmes qui parlent à visage découvert. C’est souvent honteux de partir d’une histoire d’amour et d’en arriver aux coups", explique-t-il, reconnaissant qu'elles aient pu se confier. "Ça reste pour toutes un poids énorme à trimballer."
Dans ces histoires de femmes, il y a celle de Camille, restée avec son compagnon malgré le premier coup qu’il lui a porté. "Les femmes se disent que quand elles ont accepté un coup, c’est la porte ouverte à toutes les violences. Souvent ces femmes vivent cet instinct de mort. Une fois ce premier coup donné, il peut y en avoir d’autres", affirme le documentariste.
Si Oliver Delacroix a choisi de mettre en lumière la problématique des violences faites aux femmes, c’est parce qu’elles le "préoccupent beaucoup". "Ces violences ne baissent pas en France. Il faut s’interroger au niveau de la loi, de la punition. Nous n’avons pas des dirigeants qui ont le courage de prendre leurs responsabilités. Si vous durcissez la loi, ça fonctionne" alerte-t-il avant d’ajouter : "Qu’est-ce qu’on attend ?"
Le documentariste et animateur s’interroge sur la volonté des politique d’éradiquer ce fléau. "Ça me fait sourire à chaque fois que j’entends le gouvernement évoquer le combat de l’année et que ce chiffre ne baisse pas. Est-ce qu’on est prêts à sacrifier des femmes juste au nom de l’économie des places en prison ? Aujourd'hui beaucoup d’hommes méritent d’être détenu au nom de ce qu’ils font à leur femmes", assure Olivier Delacroix.
Dans ces violences, il y a aussi les enfants qui peuvent être marqués à vie pour en avoir été témoins. "Quand vous avez une mère qui se retrouve recroquevillée dans le coin de sa cuisine sous les coups de son conjoint, et que deux enfants regardent leur mère, quels dégats ça fait dans la tête des enfants...", déplore-t-il.
Olivier Delacroix reste confiant sur l’avenir. "J’ai beaucoup d’espoir sur la jeunesse d’aujourd’hui, qui est beaucoup plus tolérante, ouverte. On a une prise de conscience de cette jeunesse qui ne veut plus de ces choses là, de ces inégalités entre hommes et femmes", conclut-il.
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