La loi Taubira de 2001 a marqué un vrai tournant dans la prise en compte de ce passé douloureux, en France, avec l’inscription du sujet au programme des écoles et la création d’une journée de commémoration nationale de l’abolition de l’esclavage chaque 10 mai.
La Fondation ‘’Esclavage et Réconciliation’’ a pour objet de consolider et amplifier le travail de mémoire commencé en 1998. Son président, le généticien d'origine antillaise, Serge Romana, évoque au micro de Christian Vadon les raisons pour lesquelles il faut entretenir cette mémoire.
Depuis plusieurs années, Nantes, Bordeaux, La Rochelle et Le Havre, les quatre principaux ports négriers de France, ont entrepris un travail sur leur passé lié à la traite des noirs. Nantes et Bordeaux ont aujourd’hui leur mémorial. Karka Diallo, responsable de l'association bordelaise ‘’Mémoire et Partage’’, œuvre pour la réhabilitation des esclaves et de leurs descendants. Il mène notamment un combat autour des rues portants le nom de négriers qui ont fait la richesse de ces villes.
Si l'esclavage a été aboli depuis longtemps et qu’il est nécessaire de se souvenir, il ne faut pas perdre de vue qu’aujourd’hui il existe encore dans le monde entier. Les Nations-Unies estiment qu’il y a plus de 20 millions de personnes qui vivent dans le désespoir et la servitude.
Contrairement à l’époque de la traite transatlantique, le critère déterminant n’est pas la couleur de la peau, ni l’origine ethnique mais la vulnérabilité qui permet une emprise totale sur une personne. C’est pourquoi les femmes et les enfants en sont les principales victimes sans oublier aujourd’hui les migrants.
La traite des êtres humains constitue le troisième trafic criminel le plus lucratif dans le monde après la drogue et les armes. Selon les statistiques de l’ONU et des ONG, plus de 45 millions de personnes seraient concernées sur tous les cinq continents dont 62 % en Asie. Le travail forcé concerne 25 millions de personnes, dont cinq millions sont contraintes de se prostituer.
Plus de la moitié de ces esclaves sont tenus par des dettes. Les autres le sont par drogue, l’argent, la maltraitance physique ou l’isolement. A ces chiffres il faut ajouter celui de l'Organisation Internationale du Travail qui note que 215 millions d'enfants âgés de 5 à 17 ans travaillent, dont huit millions en tant qu'esclaves.
Ajoutons que l’ancien Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, préside la mission chargée de créer ‘’la fondation pour la mémoire de l’esclavage, des traites et de leurs abolitions’’. Elle devrait voir le jour dans le courant de l’année.
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