"On est à l'heure d'une rupture politique" analyse Pascal Perrineau

La dissolution de l'Assemblée nationale proclamée par Emmanuel Macron a déclenché un immense mouvement de recomposition politique. "Une clarification" pour le président de la république qui se place désormais au centre du jeu politique "républicain." Pour le politologue Pascal Perrineau "On est vraiment à l'heure d'une rupture politique entre deux mondes."

La tectonique des plaques gronde. Une vaste union de la gauche est en train de se créer en dépit des différences programmatiques, c'est le "Nouveau Front Populaire." À droite, Éric Ciotti, le patron du parti gaulliste Les Républicains a franchi une digue historique en proposant une alliance avec le Rassemblement National.
 

Une difficile résistance des partis traditionnels dits de gouvernement

Les partis de droite et de gauche dits "républicains" sont désormais en marge de la recomposition. Ils sont pris en étau entre les "extrêmes" et la majorité. "Ils refusent les dérives des extrêmes mais cherchent à maintenir une distance avec un camp macroniste qui aujourd'hui est largement rejeté dans l'opinion" analyse Pascal Perrineau. "La situation est très difficile pour les socialistes qui refusent le Nouveau Front Populaire qui est une resucée de la NUPES et elle est difficile pour les LR comme le groupe sénatorial qui refusent l'alliance avec le RN. Ils sont dans un entre-deux peu lisible."
 

Le RN, siphon des droites ?

Le Rassemblement National aspire à devenir un parti de gouvernement, est-ce qu'il parviendra à rassembler avec LR, Debout la France, des déçus de Reconquête ? Marine Le Pen et Jordan Bardella ont compris le moment et tentent de faire des alliances.

Chez LR, l'initiative solitaire d'alliance avec l'extrême droite d'Éric Ciotti acte probablement la fin du parti anticipe Pascal Perrineau. "Le cordon sanitaire s'est énormément affaibli." constate le politologue. "Mais les historiques des LR ne pourront pas rester longtemps dans l'entre-deux. Il faudra bien qu'il y ait un choix. Ils ne peuvent pas envisager leur avenir politique dans cette solitude."
 

Nouveau Front Populaire

De son côté, la gauche a réussi à s'unir en un temps record, face au risque d'une prise de pouvoir de l'extrême droite. Mais c'est de la "poudre aux yeux" selon Pascal Perrineau. "On a vu les deux gauches s'affronter extrêmement durement il y a quelques jours. Sur la conception de l'Union européenne comme sur la résolution du conflit israélo-palestinien, ils ne sont pas d'accord."

Cette alliance aussi cynique soit-elle pourrait permettre aux différents partis de gauche de "sauver les meubles" observe le politologue. Mais attendre une majorité semble impossible pour le "Nouveau Front Populaire". Un chemin énorme à parcourir en très peu de temps aussi pour Renaissance "Aujourd'hui ils sont rabattus sur un étiage de 15%." Pour peser et pour pouvoir prétendre à une vocation majoritaire il faudrait passer de 15% à 35% ou 40% affirme Pascal Perrineau.