Tels sont mes sentiments provoqués par les révélations du livre du journaliste Victor Castanet, dans son livre enquête sur des Ehpad du groupe Orpéa, Les Fossoyeurs, mettant au jour des pratiques iniques, profitant sans limite de la vulnérabilité des aînés, quitte à les maltraiter, mais aussi de cette autre vulnérabilité qui est celle des familles, des proches, qui veulent le meilleur pour leur parent et pensent que plus c’est cher mieux ce sera.
Me plongent au moins autant dans un malaise nombre et nombre de déclarations politiques tous azimuts qui semblent découvrir le scandale. Si tel était le cas, cela signifierait que nos dirigeants et ceux qui prétendent le devenir connaissent bien mal cette question essentielle du souci des plus fragiles et de sa signification pour une société.
Comment ne pas penser par exemple à l’enquête de Florence Aubenas, en mars 2020, plongeant dans "la vie sous confinement" dans un Ehpad de Seine-Saint-Denis, où la peur du virus, les contaminations se mêlaient à la résignation face à la solitude et au manque criant de moyens, de personnels, de matériel.
Alors, plutôt que des déclarations intempestives, ne vaudrait-il pas la peine d’écouter par exemple le Conseil national autoproclamé de la vieillesse (CNaV) , créée fin 2021 à l’initiative de la cardiologue et fondatrice du centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin, la docteure Véronique Fournier, avec trois autres personnes et qui compte une quarantaine de membres.
Il fourmille d’idées pour que "la société́ tienne compte de leur aspiration" - celle des vieux - à exercer "leur citoyenneté́", et cesse de les considérer uniquement sous l’angle de leurs défaillances physiques ou cognitives.
Son ambition, imposer la vieillesse parmi les thèmes majeurs de la campagne présidentielle. Sa principale revendication : la création d’un "Conseil national des personnes vieilles" (CNPV), une instance officielle chargée de souffler au gouvernement des mesures adaptées aux personnes âgées dans toutes les politiques publiques.
Le fil rouge du CNaV tient en peu de mots : "Aucune décision pour les vieux ne doit être prise sans demander l’avis des vieux". Pour Didier Sicard, ancien président du Comité consultatif national d’éthique et membre du CNaV, il faut "une structure qui incarne les personnes âgées face aux pouvoirs publics qui fasse avancer le débat sur leur sort". C’est aussi le traitement de la crise sanitaire dans certains Ehpad qui a conduit le sociologue Michel Wieviorka à rallier le CNaV. "Je souscris à l’idée que les solutions doivent venir de la société́ civile ; que les très âgés doivent en être sujets et acteurs", approuve celui qui s’engage "en tant que futur vieux". Une bouffée d’air !
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