Le pape François, plus populaire à l'extérieur de l'Église qu'à l'intérieur? Son pontificat nourrit en tout cas de très sérieuses résistances au sein de l'institution. "On n'a pas conscience de la violence des attaques que subit le pape", témoigne Virginie Riva, correspondante en Italie pour Europe 1. Elle publie "Ce pape qui dérange " (éd. L'Atelier, 2017). Un ouvrage où elle montre comment les attaques qui visent le pape François sont à la mesure des résistances dont il fait l'objet. Le souverain pontife va souvent très loin dans les changements qu'il veut insuffler.
"En 2014, il a voulu aller trop vite." C'est au moment du synode sur la famille que les oppositions se sont cristallisées (la première session a eu lieu du 5 au 19 octobre 2014 ; la seconde, du 4 au 25 octobre 2015). La famille, objet des débats, est un sujet "explosif" précise la journaliste. C'est le rapport intermédiaire, publié le 10 octobre 2014, qui a mis le feu aux poudres, en particulier sur l'homosexualité et les divorcés-remariés.
Sur les questions éthiques et la défense de la vie, le pape actuel se situe dans la droite ligne de ses prédécesseurs. Simplement, il a placé au cœur de son message les questions sociales. Et sur bien d'autres sujets, ce pape étonne. Personne ne s'attendait à ce qu'il rentre au Vatican avec une famille de réfugiés dans son avion. Il a surpris tout le monde avec son jubilé de la Miséricorde. "Il va vraiment bien au-delà de tout ce que les cardinaux lui avaient donné comme mandat", explique Virginie Riva.
Jean-Paul II et Benoît XVI ont légué à François des catholiques prêts à se mobiliser sur des valeurs "non-négociables", comme la défense de la vie. Et parmi les dossiers houleux que son prédécesseur avait laissés, François a réellement pris à bras-le-corps les finances du Vatican ou la pédophilie dans l'Église. Mais il est allé bien au-delà de ce que l'on attendait de lui, en critiquant sévèrement la Curie ou tenant des propos assez forts sur le cléricalisme.
On reproche à François sa "révolution de la sobriété" et une perte de sacralité de la fonction de pape. Il est vrai que Benoît XVI avait, lui, renouer avec les chaussettes rouges et attachait une grande importance à la liturgie. Quant à la tonalité de ses discours, beaucoup lui reprochent de n'être pas assez intellectuel, regrettant le pape théologien.
"Ce qu'il veut c'est cette Eglise des pauvres pour les pauvres", explique Virginie Riva. Le pape François semble vouloir incarner jusqu'au bout l'Évangile. Lors du Jubilé des sans-abris, en novembre, il avait reçu des personnes de la rue au Vatican. "On sentait le pape à l'aise", se souvient la journaliste.
Et paradoxalement, cette "forme de radicalité" est précisément ce qui "passe mal". Ainsi, son accueill inconditionnel des réfugiés pour lequel il a pris position a été assez mal perçu chez un grand nombre de catholiques. "Il a quand même changé de discours, précise la journaliste, il a appelé les gouvernements à la prudence dans l'accueil."
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