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Parcours Tremplin : aider les 18-25 ans dans la connaissance d'eux-mêmes

Un article rédigé par Yves Thibaut de Maisières - 1RCF Belgique, le 3 septembre 2024 - Modifié le 3 septembre 2024
16/17Aider les jeunes à faire un choix d'étude ou d'orientation professionnelle

Comment aider les jeunes de 18 à 25 ans lorsque survient la question d'une nouvelle orientation dans les études, ou le besoin de mieux se connaître ? Le Parcours Tremplin répond à ces besoins grâce à une équipe professionnelle à l'écoute des jeunes. Durant quatre mois, la connaissance de soi par la dynamique de groupe et la rencontre avec le milieu du travail leur permettent de concrétiser un nouveau projet et devenir acteurs de leur vie !

Florence Van Caillie ©Parcours TremplinFlorence Van Caillie ©Parcours Tremplin

À la mi-septembre, les campus universitaires seront en pleine ébullition à l'occasion de la rentrée académique. Un moment difficile à vivre pour tous ceux qui se posent la question d'une nouvelle orientation d'études. Que faire quand survient cette question angoissante pour certains : que vais-je étudier cette année ? Dans quelle voie professionnelle vais-je me diriger ? Des solutions d'accompagnement existent pour aider les jeunes dans cette quête de connaissance de soi. Florence Van Caillie, directrice du Parcours Tremplin explique l’originalité de cette formule pour les 18-25 ans à Louvain-la-Neuve. 

La connaissance de soi au centre

Florence Van Caillie, faites-vous le constat que devant l'amplitude des choix de formations et de filières professionnelles, la connaissance de soi est devenue fondamentale ? 

Elle est devenue fondamentale pas seulement au niveau des études, mais je dirais même pour la suite. C'est vrai que dans le cadre du Parcours Tremplin, on s'intéresse aussi beaucoup au monde du travail, puisque c'est important quand on parle d'études de parler aussi de métiers et d'environnements de travail. On va rencontrer des entrepreneurs, des travailleurs dans leur milieu professionnel. Nous sommes de plus en plus étonnés d'entendre tout type d'organisation parler de “savoir être” avant de parler de “savoir faire”. Ce qui est important pour nous, c’est d’encourager les jeunes à se développer humainement, avant d'apprendre des techniques ou des compétences. 

Durant le Parcours Tremplin, mieux se connaître, avoir confiance en soi, savoir s'exprimer, communiquer une idée, exprimer ses besoins et vivre en relation, toutes ces attitudes sont intéressantes et nous aidons les jeunes à les explorer. Le parcours dure quatre mois, avec des journées qui se déroulent dans nos locaux à Louvain-la-Neuve de 9 h à 17 heures, ainsi qu’un temps de volontariat. C’est un temps long parce que pour nous, il était indispensable d'aborder en profondeur la question de la connaissance de soi, avant de parler d'orientation à proprement dit. Il est quasiment impossible de trouver son orientation si on ne se connaît pas et qu'on a des freins nous empêchant d'avoir confiance en soi. 

16/17Iff Europe, une opportunité face à la crise du choix des jeunes

Est-ce généralement l'échec académique de la première année - ou durant le cursus - qui fait que les jeunes se décident à venir vous rencontrer, ou le déclic survient-il à la sortie de la rhétorique ? 

Il y a ce qu'on aimerait, et il y a la réalité. Ce que nous souhaiterions au sein de l'équipe, c'est d'avoir davantage de jeunes en fin d’études secondaires. Des lycéens qui prennent conscience qu'il faut du temps pour affiner son choix. Nous considérons qu’il est bon de ne pas se précipiter même si on a une idée en tête. Dans la réalité, peu de jeunes à ce stade suivent le parcours. 

La moyenne d'âge des jeunes qu'on accompagne est plutôt de 20 ans. La plupart d’entre eux ont déjà tenté une ou deux années d'études en général. C’est dommage de s’entêter dans un choix qui n’est pas adapté à la personne. Mais il faut en avoir conscience et prendre le temps de faire une pause, de mûrir un nouveau projet. 

Les jeunes qu'on accompagne sont hyper actifs tout au long du parcours. Et c'est ça l'objectif : qu'ils redeviennent acteurs de leur vie. Après quatre mois à cette intensité, on les voit repartir la tête haute et prêts à poursuivre sur cette voie dynamique ! 

 

Que faire face au découragement, à la perte de confiance en soi ?

Le Parcours Tremplin permet de contourner le cercle vicieux de l’échec : “je ne suis pas capable puisque j’ai raté, donc je n’entreprends plus rien.” Dédramatisons, prenons le temps de réfléchir en se faisant aider ! C'est un déclic qui est vraiment nécessaire et pourtant, le jeune n'est pas toujours mûr. 

Le programme du parcours est exigeant, on se met en mouvement, on rebondit. On leur propose vraiment un parcours riche, varié, qui va s'adresser à de nombreux aspects du développement personnel et de l'aide à l'orientation. Les jeunes qu'on accompagne sont hyper actifs tout au long du parcours. Et c'est ça l'objectif : qu'ils redeviennent acteurs de leur vie. Après quatre mois à cette intensité, on les voit repartir la tête haute et prêts à poursuivre sur cette voie dynamique ! 

Une dynamique collective

Une originalité du Parcours Tremplin, c'est d'apprendre à connaître ses appuis, ses talents, mais aussi approfondir sa vie relationnelle. L’accompagnement se vit en groupe. 

Oui, ce serait un peu fantasmagorique de s'imaginer que tout passe par l'individuel. En fait, le pouvoir du groupe est vraiment pour nous le pilier, peut-être même le premier pilier. On observe d'ailleurs dès le premier jour du parcours à quel point le lien se crée entre les jeunes. Dès le premier jour, le jeune se rend compte qu'il n'est pas seul face à ses questions. Ils se retrouvent entre eux, ils échangent leurs idées. Ils ont cette prise de conscience et cette liberté de pouvoir se confier quant à leurs doutes ; ce qu'ils ne font pas forcément avec leurs amis et leur famille. Quand on les voit terminer le parcours, ils en parlent tous, ils sont soudés. Les contacts restent au-delà des quatre mois. 

Le parcours existe depuis 2017. Combien de jeunes ont suivi la formation ?

Nous avons suivi 150 jeunes depuis la création de l’ASBL. On a des promotions de petits nombres. Le groupe ne doit pas dépasser 12 personnes, afin de permettre aux jeunes de se mettre en relation, de créer des liens. 

Le mentorat est-il un moyen efficace pour aider les jeunes à trouver leur voie, le fait qu'ils puissent rencontrer des professionnels du “secteur”? 

Bien sûr, je pense que ça brise beaucoup de barrières. Et c'est passionnant d'aller dans le monde professionnel avec ces jeunes, parce qu'on se rend compte qu'il y a énormément d'idées reçues sur le monde du travail. L’équipe souhaite les aider à aller vers l'autre et à poser des questions plutôt que de rester avec des idées reçues. Le fait de prendre son téléphone, d'interroger les bonnes personnes, de se déplacer, de développer sa curiosité, toutes ces initiatives, ils les concrétisent pendant le parcours. Par ailleurs, ce sont des réflexes qu’ils peuvent garder pour la suite de leur recherche. 

Les jeunes sont suivis régulièrement jusqu'à trois ans au-delà de la fin du parcours ! 

 

Depuis 2017, voyez-vous les fruits de cette formation à moyen terme ?

Oui, ça marche. On est dans l'humain, mais nous cherchons bien évidemment à mesurer l'impact et les résultats de ce qu'on fait. Nous attachons beaucoup d'importance au suivi des jeunes après la formation. Les jeunes sont suivis régulièrement jusqu'à trois ans au-delà de la fin du parcours ! Les outils proposés sont utiles pour la vie entière. La majorité des jeunes qu'on accompagne, va avoir tendance à se diriger vers des études au sens large (formation longue, courte, en alternance…), plutôt que directement dans le monde du travail. 

Florence Van Caillie, qu'est-ce qui permettrait aux jeunes de mieux trouver leur voie et d'approfondir leur connaissance de soi avant 18 ans ? 

Je pense que honnêtement, il y a déjà pas mal d'initiatives mises en place. On est beaucoup en relation avec les écoles et je suis positivement étonnée de tout ce qui existe. Il y a quand même de plus en plus d'initiatives qui sont menées à destination des élèves du secondaire. Cela dit, il faudrait plus de sensibilisation et une proposition d'outils de développement personnel pendant la période scolaire. De plus, c'est surtout après l'école qu'il faut mettre des choses en place. Actuellement, nous travaillons sur la création d'un parcours d'un an, que nous espérons voir reconnu par l’Etat. Il s'agit d'une sorte de Parcours Tremplin, suivi d’une période de stage en entreprise ou une période de volontariat. Cela permettrait d'avoir un programme enfin reconnu, et qui permette aux jeunes qui ne sont pas encore suffisamment matures de prendre le temps avant de se lancer dans un choix d'étude. Tout est finalement question de maturité. 

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